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les animaux ſans raiſon ne conduiſent leur vie que par des mouvemens corporels ſemblables à ceux qui ont coutume en nous de les ſuivre, & auxquels elles incitent noſtre ame à conſentir, il n’eſt pas néanmoins toujours bon, d’autant qu’il y a pluſieurs choſes nuiſibles au corps qui ne cauſent au commencement aucune triſteſſe ou meſme qui donnent de la joie, & d’autres qui luy ſont utiles, bien que d’abord elles ſoyent incommodes. Et outre cela, elles font paraître preſque toujours, tant les biens que les maux qu’elles repréſentent, beaucoup plus grands & plus importants qu’ils ne ſont, en ſorte qu’elles nous incitent à rechercher les uns & fuir les autres avec plus d’ardeur & plus de ſoyn qu’il n’eſt convenable. Comme nous voyons auſſi que les beſtes ſont ſouvent trompées par des appats, & que pour éviter de petits maux elles ſe