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rapportent toutes au corps, & ne ſont données à l’ame qu’en tant qu’elle eſt jointe avec luy ; en ſorte que leur uſage naturel eſt d’inciter l’ame à conſentir & contribuer aux actions qui peuvent ſervir à conſerver le corps ou à le rendre en quelque façon plus parfait. Et en ce ſens la triſteſſe & la joie ſont les deux premières qui ſont employées. Car l’ame n’eſt immédiatement avertie des choſes qui nuiſent au corps que par le ſentiment qu’elle a de la douleur, lequel produit en elle premièrement la paſſion de la triſteſſe, puis enſuite la haine de ce qui cauſe cette douleur, & en troiſième lieu le déſir de s’en délivrer. Comme auſſi l’ame n’eſt immédiatement avertie des choſes utiles au corps que par quelque ſorte de chatouillement qui, excitant en elle de la joie, foit enſuite naître