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auſſi à la haine. Car ces paſſions échauffant ou agitant le ſang qui vient du foie, des inteſtins & des autres parties intérieures, le pouſſent vers le cœur, & de là, par la grande artère, vers les venes du viſage, ſans que la triſteſſe qui ſerre de part & d’autre les orifices du cœur le puiſſe empeſcher, excepté lorſqu’elle eſt fort exceſſive. Mais, encore qu’elle ne ſoyt que médiocre, elle empeſche aiſément que le ſang ainſi venu dans les venes du viſage ne deſcende vers le cœur pendant que l’amour, le déſir ou la haine y en pouſſent d’autres des parties intérieures. C’eſt pourquoy ce ſang étant arreſté autour de la face, il la rend rouge, & meſme plus rouge que pendant la joie, à cauſe que la couleur du ſang paraît d’autant mieux qu’il coule moins vite, & auſſi à cauſe qu’il s’en peut ainſi aſſembler davantage