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comme joint & uni à la choſe aimée, on eſt toujours preſt d’abandonner la moindre partie du tout qu’on compoſe avec elle pour conſerver l’autre ; ce qui foit qu’en la ſimple affection l’on ſe préfère toujours à ce qu’on aime, & qu’au contraire en la dévotion l’on préfère tellement la choſe aimée à ſoy-meſme qu’on ne craint pas de mourir pour la conſerver De quoy on a vu ſouvent des exemples en ceux qui ſe ſont expoſez à une mort certaine pour la défenſe de leur prince ou de leur ville, & meſme auſſi quelquefois pour des perſonnes particulières auxquelles ils s étaient dévouez.

Art. 84. Qu’il n’y a pas tant d’eſpèces de haine que d’amour.

Au reſte, encore que la haine ſoyt directement oppoſée à l’amour, on ne la diſtingue