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ont des jugements déterminez, ſuivant leſquels ils règlent une partie de leurs actions. Et, bien que ſouvent ces jugements ſoyent faux, & meſme fondez ſur quelques paſſions par leſquelles la volonté s’eſt auparavant laiſſé vaincre ou ſéduire, toutefois, à cauſe qu’elle continue de les ſuivre lors que la paſſion qui les a cauſez eſt abſente, on les peut conſidérer comme ſes propres armes, & penſer que les ames ſont plus fortes ou plus faibles à raiſon de ce qu’elles peuvent plus ou moins ſuivre ces jugements, & réſiſter aux paſſions préſentes qui leur ſont contraires. Mais il y a pourtant grande différence entre les réſolutions qui procèdent de quelque fauſſe opinion & celles qui ne ſont appuyées que ſur la connaiſſance de la vérité ; d’autant que ſi on ſuit ces dernières, on eſt aſſuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir au