Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

de quelque choſe, & celuy dont l’ame la repouſſe par la volonté qu’elle a de fuir la meſme choſe ; & ce qui foit principalement paraître ce combat, c’eſt que la volonté n’ayant pas le pouvoir d’exciter directement les paſſions, ainſi qu’il a déjà été dit, elle eſt contrainte d’uſer d’induſtrie & de s’appliquer à conſidérer ſucceſſivement diverſes choſes dont, s’il arrive que l’une ait la force de changer pour un moment le cours des eſprits, il peut arriver que celle qui ſuit ne l’a pas & qu’ils le reprennent auſſitoſt après, à cauſe que la diſpoſition qui a précédé dans les nerfs, dans le cœur & dans le ſang n’eſt pas changée, ce qui foit que l’ame ſe ſent pouſſée preſque en meſme temps à déſirer & ne déſirer pas une meſme choſe ; & c’eſt de là qu’on a pris occaſion d’imaginer en elle deux puiſſances qui ſe combattent.