Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/586

Cette page n’a pas encore été corrigée

544 Vie de Descartes.

n'avons plus les vers de notre philosophe ; ils avaient pour titre La Naissance de la Paix, et célébraient à la fois la paix de Westphalie, récemment conclue, et l'anniversaire de la nais- sance de Christine, le i8 décembre. Descartes pouvait se croire revenu à ses années de La Flèche : il entendait parler de grec, et lui-même travaillait à la composition d'un ballet; c'était une occupation, faute de mieux. Brégy, déjà parti de Stockholm, lui avait sans doute fait promettre de lui envoyer ce badinage : Descartes n'y manqua pas, sans en tirer autre- ment vanité, mais non plus sans fausse honte ^. Et le jeu ne lui déplut pas, puisqu'il composa en outre une comédie, ou plutôt une pastorale, ou, comme dit Baillet, une « fable boca-

» me permettrez de vous dire qu'en cecy j'eftime encore plus la Reine de » Suéde que les Poètes. Cela eft beau & admirable mefme à vne per- » fonne de cette nailTance & de cet aage, de méditer fi hautement & fi » fagement fur des fujets fi efleuez & fi raifonnables. l'y vois quelque » chofe de plus grand que la couronne. » (Page 389.)

Cette lettre de Chapelain fut envoyée par Lionne à Chanut, le 17 avril 1648. Chanut remercia le 23 mai. Sa lettre se termine ainsi : « Je fuis » affeuré qu'il (M. Chapelain) ne vous fçauroit rien donner de meilleur » que de fon propre creu, & que vous ne defirerez plus de perceneiges » du feptentrion, quand il vous prefentera des rofes du Parnaffe. » (Page 387 r. et v.)

Plus tard, en i656, Chapelain demandera que les inscriptions de Chanut pour le tombeau de Descartes soient insérées au Vol. I des Lettres, publié en 1657. (Voir t. V, p. 62^.) Voir ci-après, Appendice IX.

a. Tome V, p. 467, 1. 14-16: lettre du 18 déc. 1649 : « Vers d'un ballet » qui fera danfé icy demain au soir. » Cette lettre parvint à destination en un triste moment. Brégy reçut en voyage la nouvelle que son père « M. le » Prefident de Flecelles » venait de mourir. Dans une lettre que lui écrivit Chanut, d'Amsterdam, le croyant à Stockholm, le i3 nov. 164g, on lit cette phrase de consolation : « ...le remède ne peut eftre que la » conuerfationdes amis, qui diuertit l'attention de l'efprit a {lire de?) ces » objets triftes, & calme la douleur en la diuertilVant, comme on feiche » vn ruiffeau en le. coupant en plufieurs rigoles. . . » [Bibl. Nat., MS. fr. 17965, p. 273.) — Déjà Pierre Peti^t, dans sa lettre à Chanut, de nov. 1646, envoyait à Stockholm « le deffein d'un ballet, que (disait-il) je vous » prie d'examiner, & à l'exécution duquel je m'affeure que vous » contribuerez beaucoup. Pleufl; à Dieu qu'il me fuit permis d'en aller » aufli bien eftre l'intendant & le fpedateur, comme [j'en ay efté le » poète & l'ordonnateur]. (Œuvres de Pascal, t. J, 1908, p. 344-345.)

�� �