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Descartes en Suède. ^Jj

attribuera précisément à Descartes la conversion de Christine au catholicisme ; et l'année précédente, la différence de reli- gion avait été alléguée pour détourner d'un voyagea Stockholm la princesse Klisabeth, qui était calviniste,, avec la mère de la reine et une tante, celle-ci soutenue par le parti catholique. D'autre part, ne verrait-on pas aassi d'un mauvais œil auprès de la reine, qui devait se consacrer toute aux affaires de l'Etat, un philosophe qui ne pouvait que l'en distraire par ses spécu- lations^? Descartes avait vu sans doute, entre les mains de Brasset, ce portrait oii Chanut lui-même faisait à Christine le reproche d'aimer l'étude à l'excès. Discrètement enfin, il laisse entendre qu'il dédierait volontiers son petit Traité des Passions à la reine de Suède, qui devait l'avoir entre les mains : pouvait- il se douter, après les belles assurances de Chanut, qu'elle ne l'avait pas encore lu, ni rien de ses autres ouvrages ? La réponse de Freinshemius sur les autres points fut sans doute rassurante: on la reçut d'abord, vers le 3o juillet, à La Haye, puis de là à Egmond. Pourtant le 17 août, Brasset ne savait pas encore si son ami était décidé : il semble seulement, écrivait-il à Chanut, se disposer à partir. Il partit en effet, le i" septembre 1649.

Une fois résolu, Descartes prit les mesures que compor- taient les circonstances. S'il ne fit pas son testament, au moins il mit ses affaires en ordre; et nous avons trois lettrés écrites à ce sujet % deux à son ami de Paris, l'abbé Picot, l'autre à un ami de Leyde, Hogelande; en outre il enferma dans un coffre les papiers qu'il n'emportait pas, et les confia aussi à ce dernier. Puis il se munit d'un équipement conve- nable pour se présenter à la cour de Suède ; et quand il vint dire adieu à Brasset, celui-ci s'amusa fort (on était gai dans cette famille) de voir le philosophe « avec une coiffure à

a. Tome V, et t. X, p. 607, 1. 17-22. Voir t. V, p. 180.

b. Ibid., p. 364, notes, et p. 411.

c. Ibid., pp. 405-406 (à Picot). 406-409 (id.), et 409-410 (à Hoge- lande) : lettres du 3o août 1649.

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