Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/574

Cette page n’a pas encore été corrigée

5J2 Vie de Descartes.

tout du dernier, qui lui avait été commandé comme de la part du roi; il craint de s'exposer en Suède à pareille mésaventure». Ses hésitations apparaissent davantage encore dans deux autres lettres écrites le même jour, à son ami Brasset et à la prin- cesse Elisabeth  : il ne se soucie pas d'aller vivre au pays des ours (c'est ainsi qu'il appelle la Suède). Aussi quand l'amiral suédois se présenta à Egmond vers le 5 ou le 7 avril, assez à l'improviste (ne sut-il pas exposer l'objet de sa mission, ou Descartes feignit-il de ne pas bien comprendre ?), toujours est- il qu'il y eut malentendu : Flemming fut éconduit poliment, et le philosophe refusa de quitter son ermitage'. Plus tard il dira, pour s'excuser, qu'il ne pouvait croire que la reine eût dépêché tout exprès un amiral de sa flotte pour le conduire en Suède ^. Mais Chanut venait d'obtenir un congé pour retourner en France, et on l'attendait d'un jour à l'autre à La Haye : lès 28 et 29 mai, en effet, il passa « comme un éclair* ». Les deux amis purent cependant se voir, et s'expliquer de vive voix. Chanut avait laissé sa femme à Stockholm, gardienne du logis, et toute prête à en faire les honneurs au philosophe, au cas où celui-ci arriverait avant le retour du résident. Desr- cartes hésitait toujours : il lui fallait un ordre formel de la reine, et surtout des éclaircissements sur certains points. Chanut lui'conseilla de s'adresser à Freinshemius, en toute confiance. Deux choses surtout inquiétaient notre philosophe: ne verrait-on pomt d'un mauvais œil, à la cour de Suède, des personnes d'une autre religion f ? Pensons que plus tard on

a. Tome V, p. 326-329.

b. Ibid., pp. 33o-33i, p. 33i-333, et 349-350. C'est dans cette dernière lettre qu'il parle à Brasset « des jardins de la Tourajne ». Nous n'avons point dit ci-avant, p. 118, note c, quel était le pays de Brasset. Ce devait être Angers, ou du moins l'Anjou : écrivant à un correspondant d'Angers, Brasset se dit lui-même « bon angevin ». (Voir t. IV, p. 218.)

c. Ibid., p. 35 1-332.

d. Ibid., p. 352, 1. 12-16.

e. Ibid., p. 358-359.

f. Ibid., p. 361-364. Surtout p. 362, 1. 28-3 1 . Voir aussi p 5, 1. 9-11, et note e.]

�� �