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Passions de l'Ame. 493

précisément la vie ; on le croit même encore, comme si la vie tenait à la présence de l'àme dans le corps, et que la mort con- sistât dans le départ de l'âme. Non pas, dit Descartes : ce n'est point parce que l'âme se retire, que le corps cesse de vivre ; au contraire, c'est parce que le corps a cessé de vivre, que l'âme n'a plus qu'à se retirer. La vie est indépendante de la présence comme de l'absence de l'âme. Elle commence, lorsque l'as- semblage d'organes et de membres qui compose le corps, est dans un état convenable, et lorsque le feu qui seul est cause des mouvements de toute la machine, s'allume dans le cœur : l'âme trouvant un corps disposé à la recevoir, et qui toutefois pour- rait se passer d'elle, consent à se joindre et à s'unir à lui, et y demeure tant que les fonctions vitales s'accomplissent; ensuite elle se sépare de lui. Descartes ne craint pas d'insister sur cette indépendance du corps vivant, qui se suffit à lui-même. Il y dis- tingue, d'une part', le mouvement du sang dans les vaisseaux, lequel n'est qu'une circulation des artères aux veines, comme l'a bien montré le médecin anglais Harvey, mais dont la cause n'est pas, comme l'a cru à tort le même Harvey, une « vertu » pulsifique » du cœur : c'est un feu, contenu dans celui-ci, et qui est analogue à tous les autres feux, par exemple à celui qui s'allume dans le foin rentré peu sec en grange ; ou bien, c'est un levain, analogue à tous les levains dont on se sert cçmmunément, ceux qui font lever le pain ou fermenter la bière. D'autre part, Descartes suppose un mouvement analogue des esprits, lesquels sont aussi des corps, qui partent du cerveau et y reviennent, après avoir causé, notre philosophe indique par quel mécanisme

action directe et indirecte de l'àme ; xlvii-l, conclusion. — Voir t. IV, p. 3o9, 1. 27, à p. 3i3,l. i3, un résumé de cette première partie.

a. Tome XI, p. 33i-334 : art. vu, viii et ix. Descartes, tout en rendant pleine justice à « Herveus », tient beaucoup à marquer en quoi il diffère de lui. Voir ci-avant, p. 157-158.

b. Ibid., p. 334-336 : art. x et xi. L'art, xi résume l'explication du mouvement des" muscles, à laquelle Descartes tenait particulièrement, et qu'il ne pardonna pas à Regius de lui avoir dérobée, pour se l'approprier sans la comprendre. Ci-avani, p. ib'j-iGo.

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