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CHAPITRE II


LE COLLÈGE[1]


(1604-1612)


Montaigne enfant, bien que son père eût préféré pour lui l’éducation à la maison, fut mis au collège à l’âge de six ans. Descartes gagna deux années : on attendit qu’il eût huit ans, peut-être parce qu’il n’y avait pas jusque-là de collège dans la région. Mais, à la fin de 1603, les Jésuites obtinrent de Henri IV l’autorisation de s’établir dans plusieurs villes de France. Le roi leur donna notamment à La Flèche en Anjou une maison, qui prit le titre de « Collège Royal ». Paris même n’en eut point de semblable avant le Collège de Clermont, en 1619. Aussi les Jésuites ne négligèrent rien pour assurer le succès du nouvel établissement : recteur, professeurs et maîtres de tout ordre, durent être choisis avec un soin extrême, et le Collège de La Flèche devint de bonne heure, comme dira notre philosophe en 1637, « l’une des plus célèbres écoles de l’Europe ».

Les classes s’ouvrirent à la fin de janvier 1604 ; mais le petit René Descartes n’y entra qu’à Pâques, l’hiver terminé[2]. Il y trouva comme recteur le P. Chastellier, qui était du Poitou et

  1. Un Collège de Jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le Collège Henri IV de La Flèche. Par le P. Camille de Rochemonteix, de la Compagnie de Jésus. (Le Mans, Leguicheux imprimeur, 1889, 4 vol. in-8, iv-309 pages, 332, 356 et 444.)
  2. Pour cette date de l’entrée au collège, nous suivons Baillet (t. I, p. 18), qui, malheureusement, n’indique à ce sujet aucune référence.