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Voyage a Paris. 47 j

inquiète la marchedes événementsen France*. Il comptait, pour le renseigner, sur son ami Brasset, secrétaire de notre ambassade à La Haye; celui-ci, qui avait sans doute reçu les instructions du philosophe, et qui était sûr de répondre à ses désirs, ne manquait pas de lui envoyer à Egmond les nouvelles de Paris. Déjà, l'année précédente, lors d'une maladie de Louis XIV enfant, il l'avait aussitôt informé de la guérison, le sachant, dit-il, « trop bon français » pour ne pas s'en réjouir. Il le tient

à Elisabeth, p. 232, 1. 17-20 : « Grâces à Dieu, i'ay achcué le voyage » qu'on m'auoit oblige de faire en France; & ie ne fuis pas marry d'y » eftre aile, mais ie fuis encore plus aife d'en eftre reuenu. »

a. Il est curieux de voir avec quelle liberté un ami de Descartes, Chanut, jugeait les chofes de son pays, vues à distance. Il écrivait de Stockholm, à M. de La Cour, le 26 septembre 1648 :

« Je demeure d'accord que McflTieurs du Parlement doiuent auoir vn » grand regret d'auoir porté leur reliilance jufques au poind de donner » occafion aux fujeds de s'armer contre fon (sic) Souuerain. Je penfe que » les Cages de cette Compagnie en ont mal au cœur. Mais puifque le mal » e(l fait, & que nos déclamations contre l'imprudence de ceux qui l'ont » caufé, eft vne vaine confolation, veu mefme qu'vn particulier ne fe » doit pas charger de faire le procès à vn grand Corps, je vous prie, » Monlieur, de me permettre d'examiner les circonrtances de cet euene- » ment, pour y admirer la Prouidence | diuine fur noftre Ertai. Qui- » conque regardera fans pafTion l'adminillration des finances depuis )' quinze années, il eft impoflible qu'il n'admire la tolérance des fujets » du Roy. Confiderez feulement trois articles : l'ellrange hardieffe de » M. Defnoyers... » {Bibl. Nat., MS. fr. 17964, {'■ 718 v. et 719 7-.)

Chanut les énumère dans un véritable réquisitoire, et concluten remer- ciant Dieu : « . . .C'ell luy qui a ordonné la médecine ; il a premièrement » difpofé le malade en forte que la violence de la purgation ne ruinait » point fa fanté. Il nous a fortittlez au dehors par vne campagne de prof- » peritez; il a battu nos ennemis, alin qu'ils ne s'auantagealfent point de » noitrc foibleffe, & peu d'heures auparauant le tumulte de Paris, il a » donné vne célèbre victoire à leurs Majellez, afin que, fi d'vn coflé les » elfais de fedition monllrent de quelle façon les Souuerains doibuent » vfer de leur pouuoir abfolu, le peuple foit aulfy | retenu par le refpeil » d'vn Roy viflorieux. De cette méditation je conclus que, s'il plaid à la » volonté diuine nous preferuer des efmotions de fuitte dans les pro- » uinces, nous auons grand fujet de remercier fa bonté. Quant aux entre- » prifes du Parlement, le Roy a plufieurs moyens de les réduire... » (Ibid., ^720.)

b. Tome V, p. 93, 1. 8-1 5 : lettre du 4 duc. 1647.

Vie dk Descartes. 60

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