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Une offre d’un autre ami, M. d’Alibert lui plut davantage. Celui-ci songeait à fonder une École des arts et métiers, dont il aurait fourni les frais, et qui devait être ouverte en dehors des heures ou des jours de travail, aux artisans et ouvriers désireux de s’instruire ■\ L’idée répondait bien aux vues de Descartes sur l’union de la théorie et de la pratique, ou de la science et’de ses applications : la science toute seule reste sans effets utiles, et l’art ou le métier, sans la science, n’est qu’une routine aveugle, incapable de se perfectionner. En outre, notre philosophe ne manqua jamais l’occasion de prendre comme par la main et d’élever jusqu’à lui quiconque se montrait digne de profiter de ses leçons. Nous avons vu ses instances pour faire venir en Hollande un habile tourneur de Paris, Ferrier, qui aurait travaillé sous ses yeux; il promettait de le traiter a comme » un frère ». Jean Gillot, un de ses anciens serviteurs, était devenu à son école un mathématicien capable de résoudre des problèmes envoyés par Fermat; et il enseigna les mathématiques à l’Ecole des ingénieurs de Leyde. Un autre, qu’il eut également à son service, Gérard van Gutschoven, devint professeur à l’Université de Louvain : il était donc catholique, tandis que Gillot était protestant. Le dernier de tous, celui qui le suivit en Suède, Henry Schluter, avait déjà quelque instruction, que Descartes l’aida à développer. Mais le plus intéressant est ce Dirck Rembrantsz, qui vint à trois reprises de son village de Nierop, à cinq ou six lieues d’E^igmond, se présenter à lui et finit par être reçu : c’était un simple cordonnier, et Descartes en fit un astronome. Le projet de Montmort, dans sa nouveauté, ne pouvait donc manquer de lui plaire. On aime à croire que, s’il eût vécu et qu’il fût revenu en France, avec l’aide de ce généreux Mécène, il l’eût réalisé’^.

a. Tome XI, p. 63c)-66o.

b. Voir ci-avant : p. 188 (Ferrier), p. 262-263 (Gillot). Pour Dirck Rembrantsz, voir t. V, p. 265-267; et jiour Schluter, ibiii., pp. 358,411 et 4i|3. (^uant à Gérard van Gutsciioven, voii- t. XI, pp. vu, xiii et xvi.

c. Parmi les conieinporaiiis qui suivaient les travaux de Descartes, mentionnons aussi Gaignières, qui écrivait à Mersenne, le 24 juin 1648 :