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468 Vie de Drscartes.

D'autre part, le cercle de savants au milieu desquels il fut introduit, ne lit point non plus à ses idées l'accueil qu'il espé- rait. Nous avons le compte rendu d'une séance, où Roberval et lui prirent l'un contre l'autre la parole ; il est vrai que Roberval se donne le beau, rôle, et Descartes ne se souciait plus, comme en 162S, de se mettre en frais d'éloquence, pour le divertissement d'un auditoire. D'ailleurs, étant donné les posi- tions prises par les deux adversaires, aucun terrain d'entente n'était possible. Roberval se donne comme un pur géomètre, pour qui la géométrie est une science avec son objet propre, à savoir le solide géométrique ou l'espace, et la physique une autre science, dont l'objet est le corps qui se meut dans cet espace. C'était rejeter toute la physique de Descartes, en se refusant même à examiner la métaphysique qui en est le fon- dement. Pour Descartes, en effet, l'espace ou l'étendue est le corps même : la physique rentre donc tout entière dans la géométrie, et il prétend le prouver par sa métaphysique. On voit d'ici le sourire méprisant de Roberval ; on entend son ton d'ironie et de persiflage à l'égard du philosophe. Et celui-ci n'avait peut-être plus auprès de lui son fidèle Mersenne, gra- vement malade depuis quelque temps, et qui s'alita le 27 juillet pour ne plus se relever.

Il trouvait cependant aussi des amis, si l'on peut donner ce nom à des personnages qui affectaient volontiers des airs de protection à l'égard des hommes de lettres. Tel ce grand seigneur anglais, le marquis de Newcastle, qui se plut un jour à réunir à sa table Hobbes, Descartes et Gassend, les trois meilleures têtes de philosophes en ce temps-là, dira plus tard Sorbière : est-ce en souvenir de ce dîner, que Descartes se compare à une bête curieuse qu'on exhibe? Tel surtout M. de Montmort. Celui-ci alla jusqu'à offrir à Descartes, s'il voulait demeurer en France, une maison à la campagne, près de Paris, d'un revenu de trois à quatre mille livres : Gassend

a. Tome XI, p. 687-690. Voir aussi t. V, _p. 201-202.

b. Tome V, p. 118, et ci-avant, p. 448, note b.

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