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464 Vie de Descartes.

donc expédié, non sans frais toutefois, que l'on fit payer à quelqu'un de la famille : Descartes eut la surprise désagréable,

» courage n'eft pas moindre que le fien? [Saumaise venait de refuser » une petision.) Sça.chant cela & me connoiiTant au point que vous faittes, » je m'eftonne, Monfieur, que vous ayez attendu ma refponfe pour » affeurer Momieur Silhon de ma confiance dans le genre de vie que j'ay » choifi. En effet, je ne changerois pas mon hermitage pour un Evefché. » Je parle tout de bon & fans faire le Rhetoricien : dix mille efcus de » penfion ne me feroient pas aller à Paris. . . Je ne laiffe pas d'eftre infi- » niment obligé aux foins de Monfieur Silhon & aux bontés de fon Emi- » nence, qui m'a fait l'honneur de penfer à moy, & qui jugeant de la » difpofition de mon efprit & de mes defirs par ceux des autres, a cru que » c'eftoit me prefenter le Souverain Bien, que de m'offrir quatre ou cinq » mille livres par an pour fubfifter à la Cour. . . » Enfin, dans une lettre à Chapelain, du 20 févr. 1645 {Mélanges etc., t. I, p. 63 1), Balzac com- mence ainsi des vers sur Silhon :

Ut Sophiam Mujafque fuperbam ducit in Aulam Silo meus . . .

Or Descartes avait connu Silhon à Paris, et s'informait de lui dans ses lettres : t. I, p. i32 et p. 201 : lettres du 18 avril i63o et du 25 avril i63i ; plus tard encore, 3i mars i638, t. II, p. 97, 1. 13-14. Et nous avons vu, t. I, p. 352, qu'ils s'écifivaient. Le ton amical de la lettre en question conviendrait donc : « vous m'auez defia fait plus de bien que la » plufpart de tous les parens ou amis que i'ay iamais eus. » (Tome V, p. 134, I. 16-18.) En outre Silhon était aussi un philosophe, auteur d'un traité de métaphysique : Les deux Verite\, c'est-à-dire Dieu et l'âme. Dans un sentiment de bonne confraternité, qui est à son honneur, il aura mis son crédit au service de Descar.tes, comme pour Balzac et pour Saumaise. Ajoutons que la grande question que Descartes traite dans cette lettre, est de celles qui intéressaient le plus Silhon, puisque ce n'est rien moins que l'existence de Dieu. L'autre question, expédiée en quelques lignes, est métaphysique, bien que physique également : problème de la communication du mouvement. (Voir, à ce propos, un alinéa identique, lettre à Debeaune, 3o avril 1639, t. II, p. 543, 1. 8, à • . 544, 1. 2, et dans la présente lettre, t. V, p. i35, 1. 22, à p. i36, 1. i3.) Il est donc vraisem- blable que le destinataire de cette lettre était Silhon, bien que ce ne soit qu'une conjecture.

Citons à cette place, bien que nous eussions dû le faire plus tôt (p. 93 et p. 1 32-1 37), certaines pages de Silhon, qui rappellent les idées de Descartes. L'ouvrage étant de 1634, elles peuvent remonter à des conver- sations entre les deux philosophes à Paris, de 1626 à 1628. Ce sont quelques idées de Descartes, mais sans le travail de préparation qui

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