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4^2 Vie de Descartes.

France depuis deux ans déjà. L'idée première avait été rap- portée d'Italie, en 1645, par Mersenne qui la tenait du prin- cipal disciple de Galilée, Torricelli. Mersenne en avait aussitôt fait part à ses amis de Paris. Il ne réussissait pas d'ailleurs à refaire lui-même l'expérience, malgré de nombreux essais, tentés avec Chanut. Pascal, tout jeune encore, fut plus heu- reux, l'automne de 1646, à Rouen, aidé de son père qui y rési- dait alors, et de quelques savants. Petit, intendant des fortifi- cations, refit le premier cette expérience de Torricelli avec du vif-argent ou mercure. Aussitôt Pascal en imagina de nouvelles, qu'il réalisa, avec d'autres liquides, dans des verres faits exprès et de hauteur appropriée '\ C'était une belle matière à réflexion. On remplissait de mercure un tube de trois pieds environ de longueur, et fermé par un bout ; puis on renversait ce tube dans une cuvette pleine aussi de mercure ; et le mer- cure du tube, au lieu de descendre entièrement dans la cuvette, s'arrêtait en un certain endroit, et demeurait suspendu, lais- sant au-dessus de lui un espace dans le haut du tube. Qu'y avait-il dans cet espace? Y avait-il même quelque chose, et n'était-ce pas le vide absolu ? Ou bien quelque matière s'y trouvait-elle contenue, et laquelle ? Les esprits étaient très partagés. D'autre part, quelle puissance mystérieuse tenait ainsi le mercure suspendu dans le tube à une hauteur de deux pieds et un tiers environ ?

Descartes eut réponse à tout, lorsqu'il vit l'expérience, que pourtant on ne lui avait point mandée en Hollande ces deux années. Mais à Paris, en septembre 1647, ®'l® f"' réitérée en présence de plusieurs témoins, dont nous avons les noms: l'abbé d'Estrée et l'abbé de Launoy, Roberval, Mersenne et

a. Voir surtout deux publications rappelées au t. V, p. loo-ioi : 1" Lettre de M. Petit à M. Chanut; du irj nov. 1646, imprimée seulement en nov. 1647; 2» Expériences nouvelles, etc., de Biaise Pascal (permis d'imprimer, 8 oct. 1647). Les éditeurs de Pascal ont reproduit la première de ces deux pièces, Œuvres de Pascal, t. I, p. 329- 345, et la seconde, t. II, p. 53-76.

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