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lorsqu’un de ses frères, le prince Edouard, n’eut pas tant de scrupule, et embrassa le catholicisme pour épouser en France Anne de Gonzague, connue plus tard sous le nom de « princesse palatine ». Elisabeth en fut outrée, au point de devenir malade : c’était, à ses yeux, « un acte de folie » , Elle n’était point cependant d’une dévotion étroite ni superstitieuse : à la prière de Descartes, elle accorda volontiers sa protection au jeune Schooten, candidat à la chaire de son père, le mathématicien de Leyde, et se moqua des professeurs de l’Université, qui craignaient qu’il n’introduisît dans ses leçons de mathématiques les doctrines arminiennes^. Plus tard, elle se moqua aussi de la crédulité de bonnes gens que la renommée d’une source faisait accourir de toute l’Allemagne et des pays Scandinaves pour la guérison miraculeuse de leurs maladies : cette source guérissait peut-être, mais en vertu de causes naturelles, propriétés chimiques de l’eau, etc. . Néanmoins, nous le verrons, les objections d’Elisabeth à la métaphysique de Descartes sont plutôt théologîques et tirées des dogmes de Calvin. Dans la dernière partie de sa vie, elle écouta d’une

princesse française, Louise-Marie de Gonzague. Le mariage fut célébré à Paris, par procuration, le 5 novembre 1645. Il avait été négocié par M. de Brégy-Flexelles. Brasset, dans une lettre à ce dernier, du 29 août 1645, revient sur le mariage- manqué dix ans plus tôt :

« le viens de receuoir vne lettre de M. de MeuUes où ie veoy l’heureux fuccez de voftre négociation en Pologne pour la conclufion finalle de ce mariage... La bonne Royne de Bohême me demandant l’autre iour de voz nouuelles, que ie ne luy peuz dire, fçaura tantoft qu’elles font bonnes; & ie m’alfeure que, fi Madame la Princefl’e Élifabeth s’y trouue, elle fera marrie que M. Zavafky n’eut voftre adrelfe pour 1) donner vne femme à fon maiftre, fi ce n’eft qu’elle fe picque de ce » point de religion, qu’vne ame zelee comme la Tienne préféra à vne couronne. C’eft comme l’on en parle, & ie me rapporte à ce qui en eft. » {Bibl. Nat., MS. fr. 17897, f» 423 verso.)

a. Tome IV, p. 339-340 : lettre du 17 déc. 1645. Voir ci-avant, p. 109, note a, et p. 342, note c.

b. La source ou fontaine de Hornhausen. Tome X, p. 604-606; et t. IV, p. 523-524, 531-532 et 58o : oct. et nov. 1646.