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j88 Vie de Descartes.

Notre philosophe utilise ainsi, à sa façon, pour les expliquer, la récente découverte des taches solaires. Il n'y pensait point encore dans son traité du Monde, et c'est une innovation des Principes. Mais déjà, en i63i et i632, il s'était étendu avec complaisance sur les Comètes, étudiant leur formation, et leur trajet dans le Ciel, et leur chevelure et leur queue. Il s'était enquis, auprès de Mersenne, d'un livre qui lui fournirait des renseignements^. Un tel livre existait, en effet, œuvre du P, Grassi, Jésuite et adversaire de Galilée. Serait-ce pour cette double raison que Descartes le cite encore dans ses Principes, comme il avait fait déjà pour le P. Scheiner ? Non pas qu'il fût lui-même ennemi de Galilée ; toujours est-il qu'il ne le nomme pas, sans doute par prudence, et qu'il nomme au contraire, peut-être par habileté, deux Jésuites qui l'ont combattu. Il corrige d'ailleurs, au moins sur un point, le P. Grassi qui avait emprunté à deux auteurs deux descriptions de la Comète de 1475, sans s'apercevoir que c'était la même : Descartes le reconnut sans peine, et fut bien aise que l'année suivante une description plus complète qu'il reçut de cette Comète, vînt confirmer ce qu'il avait écrit. Mais l'essentiel peut-être, dans la théorie de Descartes sur les Comètes, est l'étendue de l'espace qu'il livre a à leurs grandes excursions de tous côtés dans les » Cieux ». Il se montre, en cela, beaucoup plus hardi que Tycho lui-même. Celui-ci s'était contenté de démontrer que ce ne pouvait être des phénomènes sublunaires, c'est-à-dire qui se produisent entre la lune et nous ; mais il ne les plaçait pas plus loin que la sphère de Vénus ou de Mercure. Il n'a pas osé, dit Descartes, leur attribuer toute la hauteur qu'il découvrait par ses calculs. Car il pouvait aussi bien, et notre philosophe n'hésite pas à le faire, aller jusqu'à Saturne, la plus haute des PlanèteSj et même bien au delà dans la vaste étendue qui

a. Tome I, p. 25 s, 1. 2-1 1 : lettre du 10 mai i632. Voir aussi p. 283.

b. Tome IV, p. 1 5o-i 5i : lettre du 5 janv. 1645. Tome VIII, p. 178-179 et p. 186, 1. 4-7 ; ou t. IX {2«partie), p. 179-180 et p. i85-i86.

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