Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
La Famille.

Toutefois, c’est par les situations où elle s’éleva dans le monde parlementaire que la famille de Descartes se distingua dès la fin du xvie siècle et surtout au xviie. Joachim, le père du philosophe, entra comme conseiller au Parlement de Bretagne : ses lettres de provision sont datées du 6 décembre 1585, et il fut installé le 14 février 1586. Mais il ne quitta pas pour cela le Poitou ni le pays de sa femme. Celle-ci lui donna cinq enfants, de 1589 à 1697 : quatre au moins naquirent à La Haye, où l’on a relevé leurs actes de baptême aux dates suivantes : Pierre, 7 octobre 1589 ; un second Pierre (le premier n’ayant pas vécu), 19 octobre 1591, qui fut le frère aîné de notre philosophe ; celui-ci, René, 3 avril 1596 ; et un dernier-né, le 13 mai 1597, qui mourut aussitôt, et coûta la vie à sa mère, trois jours après, le 16 mai 1597[1]. Le cinquième enfant était une fille, Jeanne, dont on n’a pas retrouvé l’acte de baptême : sa naissance doit être datée de 1590, ou bien de 1592 à 1595[2].

Tous ces événements de famille se passèrent à La Haye. Joachim Descartes n’avait donc pas emmené sa femme à Rennes ; et lui-même pendant un assez long temps n’y résida que trois mois au plus chaque année. Les sessions du Parlement de Bretagne étaient trimestrielles, une l’été et l’autre

  1. Grandmaison, Bibl. École des Chartes, 1899, p. 449 (le premier Pierre). Ropartz, p. 29 (le second Pierre), p. 33 (René, lire : le 3 avril), p. 35-36 (dernier enfant et mort de la mère).
  2. Cette seconde hypothèse est assez vraisemblable : les deux grand-mères, Claude Ferrand et Jeanne Sain, furent marraines l’une après l’autre sans doute des deux aînés, le premier et le second Pierre ; Jeanne ne serait venue qu’ensuite, et peut-être son nom lui fut donné par une tante, appelée aussi Jeanne Brochard, dame d’Archange, dont les trois enfants Descartes furent plus tard les héritiers.

Vie de Descartes. 2