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remplit tout l’espace de matière, et de matière fluide, conformément, dit-il, à l’opinion des nouveaux astronomes. C’est donc à la faveur de l’astronomie, que cette idée recevait droit d’entrée dans la physique ou la philosophie naturelle. Les astronomes ne savaient comment expliquer sans cela les phénomènes des Planètes, ni surtout ces distances qui défient toute imagination et que le calcul leur faisait découvrir maintenant dans les Cieux. Mais de quelles précautions ne s’entouraient-ils pas ? L’un d’eux, Jésuite il est vrai, mais avant la condamnation de Galilée, le P. Scheiner, dans sa Rosa Ursina, en i63o, adopte l’opinion des Cieux liquides ou fluides ; toutefois il commence par s’assurer que rien ne s’y oppose dans la Sainte Ecriture ; puis il allègue les expériences favorables à cette thèse, et il termine en établissant, à grand renfort de textes, que parmi les philosophes anciens eux-mêmes beaucoup n’y étaient point hostiles*. Ainsi des textes, tout d’abord, philosophiques et théologiques, sont invoqués ; grâce à cette double autorité, et comme dans l’entre-deux, se glisse et réussit à se faire admettre l’expérience, qui est pourtant maîtresse de la vérité scientifique. Descartes n’a tout de même point de ces précautions excessives : c’est comme philosophe simplement, et au nom de la raison, c’est-à-dire des idées claires et distinctes, qu’il propose son hypothèse, et sans se mettre en peine, cette fois, d’aucune objection théologique.

Nous ne pouvons le suivre pas à pas dans toutes ses déductions. Contentons-nous d’indiquer les grandes questions qu’il

a. On lit au commencement de la Roja Vrfina, sous ce titre, Totius operis notatu digniora :

« Cœlum, Solem & Stellas ; ex naturâ fuâ corruptibiles elie, ex mente » Ecclefiat & fandorum Patrum coniicitur. Pag. 660. »

« Cœlum liquidum ex facrà Scripturâ & fantî^is Pairibus. Pa} ?. 699. « 

a Cœlum aut liquidum aut igneum multi Ncoierici Thcologi, Philo » fophi, & Phyfiologi défendant. Pag. 731. »

« Cœlum liquidum antiqui philofophi tenebant. Pag. 747. »

« Cœlum liquidum elfe tam antiqui quàm recentiores Aftronomi » volucrunt. Pag. 755. »

« Obiecliones pro cœlo duro diiuuntur. Pag. 771. »