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j6o Vie de Descartes.

qui la métaphysique n'avait point donné un visage morose ni des habitudes austères : il préférait d'ailleurs la physique. Plus tard, il sut mourir gaîment, comme il avait vécu, et sa fin, somme toute assez philosophique, fournit à Tallemant des Réaux " une de ses bonnes historiettes. Sitôt donc les Prin- cipes publiés en latin. Picot se mit à les traduire. Descartes était alors en France; avant de retourner en Hollande, il avait déjà reçu la première et la seconde partie, mises en français *".

reaux om fort bien pu se connaître à Paris, de 1 626 à 1628. « J'ai été jeune » autrefois », avoue sans fausse honte notre pliiiosophe : Nuper enitn juvenis fyi. (Tome VIII, 2' partie, p. 22, 1. 7.) Cela rappelle le mot de Racine à La Fontaine : « J'ai été loup avec vous, et avec les autres loups

  • vos compères. » [Œuvres de Racine, édit. Hachette, i865, t. VI,

p. 416.)

a. Claude Picot était fils d'un receveur général des finances à Moulins, Jean Picot. Il avait deux frères, Antoine, conseiller à la cour dis aides de Paris, et François, auditeur des comptes. II avait aussi deux sœurs, l'une mariée à M. Hardy, maître des comptes et cousin du conseiller au Chàtelet, l'autre à M. Pinon, maître des requêtes, tous amis de Descartes. (Baillet, loc. cit., t. I, p. 147.) Balzac nomme Picot en compagnie de Desbarreaux : « les Picots et les Des Barreaux », dit-il à Chapelain. {Mélanges historiques, Impr. Nat., 187?, t. I, p. 540.) Et Tallemant des RiÎAUx ne parle de Picot que dans son Historiette sur Des Barreaux. « Il » (Des Barreaux) prêche l'athéifme partout où il fe trouve, & une fois il » fut à Saint-Cloud chez la Du Ryer paffer la femaine fainte,avec Miton, » grand joueur, Potel, le confeiller au Chàtelet, Raincys, Moreau & Picot, » pour faire, difoit-il, leur carnaval... Picot mourut à peu près comme » il avoit vécu; il tomba malade dans un village; il fit venir le curé & lui » dit qu'il nt' vouloit point qu'on le tourmentât & qu'on lui criaillât aux

  • oreilles, comme on fait à la plupart des agonifants. Le curé en ufa

» bien, & il lui donna par fon teftamCnt trois cents livres; mais comme » il vit que le curé, le croyant expédié, ou peu s'en falloit, fe mettoit à » criailler comme on a de coutume, il le tira par le bras, & lui dit : » Sache:{, galant homme, fi vous ne me tene\ ce que vous m'avez promis, » qu'il me rejie encore aj[fe\ de vie pour révoquer la donation. Cela ren- » dit le curé plus fage, & l'abbé expira assez en repos. » (Tallemant des Réauxj Historiettes, p. p. Monmerqué, 3' édit., t. V, p. 96-97.) Picot mourut le 6 nov. 1668. Son nom apparaît pour la première fois dans la correspondance de Descartes à la date du 18 mars et peut-être du 4 mars 1641. (Tome III, p. 332, 1. 7, et p. 340, 1. 3.)

b. Tome IV, p. 147, 175 et 180 : lettres du 8 nov. 1644, des 9 et 17 févr. 1645.

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