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nieurs bataves[1] » ; il annonçait en même temps la publication d’une Algèbre de son invention, qui permettrait de résoudre cette question et bien d’autres. Cette fois Descartes semble avoir pris l’alarme, comme si l’on menaçait de supplanter sa Géométrie et de l’étouffer au lendemain de sa naissance ; il s’exagérait, certes, le danger. Or il avait à Utrecht un jeune ami, Waessenaer, qui connaissait bien les règles de son calcul, et surtout savait s’en servir ; Descartes l’aida, en outre, de ses propres notes pour répondre à la question posée par Stampioen[2]. Celui-ci ne s’avoua pas encore vaincu. Non seulement il publia son Algèbre, qu’il intitula Méthode nouvelle, en 1639 (le privilège est du 25 mars) : Waessenaer, toujours aidé par Descartes, la critiqua aussitôt. Mais de plus, Stampioen lança coup sur coup jusqu’à trois défis, en octobre, le 5 et le 15 novembre 1639. Et le jeu devenait sérieux : pressé par ses adversaires, il s’était engagé, par acte notarié du 20 octobre, à déposer entre les mains d’un tiers 600 gulden pour les pauvres, au cas où il perdrait, et il les remit en effet le 5 novembre. De son côté, Waessenaer en fit autant[3]. Descartes, suivant sa tactique antérieure, ne voulut pas entrer lui-même en lice, bien que Stampioen l’eût nommé dans son troisième défi ; mais Waessenaer continua d’être son champion, poussé et dirigé par lui. Notre philosophe n’alla-t-il point jusqu’à lui envoyer une solution écrite, que celui-ci n’aurait qu’à copier, signer et dater : nous avons encore cette lettre du 1er  février 1640[4]. Il s’agit des équations du troisième degré, et d’un moyen de les résoudre.

Cependant des arbitres avaient été constitués, dès décembre

  1. Tome II, p. 601, et surtout p. 611-615.
  2. Ibid., p. 605, l. 5-9. Pour le « nouveau livre », ou la « nouvelle règle », de Stampioen, voir p. 604, l. 9-12, et p. 608, l. 10-20. Voir surtout auparavant, p. 581-582 : Algebra oſte Nieuwe Stel-Regel, etc.
  3. Tome II, p. 609, l. 3-9, et p. 615. Tome III, p. 16.
  4. Tome III, p. 21-28 et p. 28-30. A rapprocher de cette lettre : 1° la règle donnée au t. II, p. 609-610, et 2° l’explication à Dounot, t. III, p. 187-190.