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naguère, rapprochés, auraient fait scandale. Magie naturelle^ ? Notre philosophe, et cette alliance de mots n’est pas moins audacieuse, parle aussi, sans le moindre embarras, d’une Science des miracles^.

Descartes le déclare lui-même : la Géométrie n’a été composée, et même en partie inventée, que pendant qu’on imprimait les Météores^. N’exagérons rien cependant : l’invention ne portait sans doute que sur des détails, soit quelques problèmes qui servaient d’exemples à telle ou telle règle ; mais les grandes lignes étaient arrêtées depuis longtemps dans son esprit. On ne s’expliquerait pas autrement, malgré sa merveilleuse facilité de travail, qu’il eût rédigé un tel ouvrage en si peu de temps et pour ainsi dire à la dernière heure. Lui-même raconte en 1638 que, pour les tangentes des lignes courbes, point culminant de son œuvre, il était en possession de sa règle depuis plus de vingt ans’* : ce qui nous reporte à 1617 environ. Il n’était alors qu’un tout jeune homme, de vingt et un ans ; mais les grands mathématiciens sont tels à un âge où il serait matériellement impossible d’être, par exemple, un grand physicien ou un grand naturaliste ; une étonnante précocité, loin d’être l’exception, est comme la règle du génie dans les mathématiques.

D’autre part, Descartes avait résolu dès 1628, et sans doute beaucoup plus tôt, un problème que les géomètres se transmettaient d’âge en âge depuis l’antiquité, et qui demeurait

a. Tome X, p. 347, note c.

b. Tome VI, p. 343-344, et t. I, p. 21, l. 8-22. Voici encore un curieux passage : « …Oſtendere decreui hæc abſque dcemonis ope à vero mago » id eft lapiente fieri polTe… Meteora enim arte parari polTunt, pof » femque hîc pluuias arte paratas, &c. ex Paracelfi arcanis modum recen » fere ; polTem fulmineos lapides lubilo generatos arte ex CarteliJ inuento » etiam referre. Sed hœc cum multis aliis ad Magiam meam remitto » naturalem. » (Page 265, Pétri Borelli, Hijloriarum & Obferuationum Medicophyficarum Centuriœ IV, Parifiis, 1 656.1

c. Tome I, p. 458, 1. 5-8.

d. Tome II, p. 178, 1. 8-10 : lettre du 29 juin t638.