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2o6 Vie de Descartes.

de terre. Son étude d'ensemble y gagne en unité ; et tous les chapitres s'enchaînent dans un ordre rigoureux. Il modernise en outre le sujet, en y insérant, pour les expliquer, les observations et découvertes les plus récentes. Les vapeurs et les exhalaisons elles-mêmes sont étudiées à un point de vue tout nouveau, et c'est là, dès le début, que Descartes introduit, à titre de simples suppositions, quelques-uns des principes de sa philosophie. Vapeurs et exhalaisons appartiennent à la région des corps terrestres, c'est-à-dire à ce petit monde qu'est la Terre, par opposition aux grands Cieux et aux Étoiles fixes. Les exhalaisons se composent de plusieurs parties : les plus subtiles, qui sont les esprits ou eaux-de-vie; et les plus gros- sières, qui sont les terres; entre les deux, se trouvent les sels volatiles et les huiles. Mais Descartes ne s'en sert point pour expliquer les Météores ' : il se contente des vapeurs, et à ce

a. Le P. Fournier, dans son Hydrographie {1643), 1. XV, c. xxiii, suit l'opinion de Descartes : « Que il vous me demandez (dit-il) pourquoy, » contre l'auis de pluileurs : le me 1ers plurtoft des vapeurs- que des exha- » laifons, le vous diray que c'eft principalement par ce que les exhalai- » fons ne Je tirent & ne fe détachent des corps terrejlres qu'auec vne » grande chaleur, & ne fe condenfent derechef que fort peu, quelque » froideur qu'il y ayt : là oii une chaleur médiocre fait que l'eau tant » foit peu tiede/e dilate en vapeur : & fort peu de froideur la fait pareil- » lement retourner en eau. De plus, à peine pouuez vous iamais dilater » les exhalaifons ny pas mefme l'air, en forte qu'elles tiennent deux ou » trois fois plus d'efpace que deuant, au lieu que les vapeurs en occupent » plus de cinquante mille fois d'auanlage, comme il le connoill euidem- » ment par vn grain d'encens qui fe refoud en vapeur. . . « (Page 697.) Les passages en italiques sont empruntés textuellement à Descartes, t. VL P- 268, 1. 18, à p. 269, 1. 3. A noter à la tin : « cinquante mille » fois ». Descartes disait seulement : « deux ou trois mille fois ».

Jean Tarde, Borbonia Sidéra {1620], ou bien Aflres de Borbon {1623), rapporte que, poar expliquer les taches du soleil, récemment découvertes, on avait pensé aux exhalaisons, p. 10 : « Quelques-vns fe » perluaderent que c'el^oient des nuées cachées dans l'air, lelquelles à » caufe de leur fubtilité ne pouuoient eftr'e apperceuës que lors qu'elles » fe trouuent entre le Soleil & nous. » Jean Tarde combat d'ailleurs cette opinion par sept arguments, et il ajoute : « Le défaut de parallaxe a » efté caufe que quelques-vns ont voulu eftablir ces nuées tout contre le » Soleil, mais auec vn erreur plus grand que le premier. Car il n'y a

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