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sur la vie du philosophe[1]. Baillet trouvait donc une matière presque intacte, et il sut la traiter, rendons-lui cette justice, avec un soin et un scrupule religieux, en tous les sens du mot. L’écrivain, en effet, était prêtre, l’abbé Baillet, futur auteur des Vies des Saints, et il écrivait, n’oublions pas la date, aux environs de 1690, c’est-à-dire au plus fort de la réaction religieuse du

  1. Baillet cite encore trois autres ouvrages imprimés : « Un Allemand…, sans s’épouvanter des obstacles qui rebutaient les autres, a voulu enfin donner au Public le grand ouvrage qu’on attendait depuis tant de temps. Il le fit paraître à Nuremberg, l’an 1674, sous le titre magnifique de : M. Johannis Tepelii Historia Philosophiœ Cartesianœ. C’est un ouvrage de quatre petites feuilles d’impression, divisé en six Chapitres, dont il n’y a que le premier qui regarde précisément la vie de M. Descartes. Il serait peut-être plus utile, s’il était moins superficiel, ou s’il avait pu se garantir des fautes de ceux qu’il a Copiés. » (Pages xvi-xvii.) « …M. de Vries, Professeur en Philosophie à Utrecht, a donné de son côté une Introduction historique à la Philosophie de M. Descartes en forme de thèses qu’il a fait soutenir par deux de ses écoliers en 1683. Mais son dessein a été de nous représenter les âges différents ou du moins quelques aventures de la Philosophie en général jusqu’à M. Descartes, plutôt que d’entrer dans un détail particulier de ce qui le regarde, si l’on en excepte la troisième partie de son Introduction, où il emploie la valeur d’une feuille d’impression pour quelques faits qui concernent la personne ou la doctrine de notre Philosophe. » (Pages xvii-xviii.) L’ouvrage en question est ainsi intitulé : Gerardi de Vries, Prof. Philos. Ultraj., De Renati Cartesii Meditationibus à Petro Gassendo impugnatis Dissertatiuncula Historico-Philosophica. (Ultrajecti, apud Guillielmum van de Water, 1691, in-8, p. 115.) Le troisième ouvrage dont parle Baillet, venait de paraître, « en 1690, sur la fin ». C’était un livre anonyme, avec ce titre : Voyage du Monde de Descartes. « On ne peut refuser à l’Auteur la gloire d’avoir bien exécuté le dessein qu’il a en de faire un roman… » Il avait le droit « de bâtir même des vérités historiques sur un fondement fabuleux. Mais puisqu’il a jugé à propos de dépouiller ces vérités de la plupart des circonstances qui pourraient les faire reconnaître, nous n’oserions les regarder comme des vérités… » Ce petit livre était d’un Jésuite, le P. Daniel : Voyage du Monde de M. Descartes. (À Paris, chez la Veuve de Simon Benard, 1691, in- 12, pp. 308.)