i66 Vie de Descartes.
c'était la première fois qu'on proposait de ce mouvement une preuve sensible, et par conséquent frappante pour tous les esprits; jusqu'alors les astronomes n'avaient invoqué que des arguments d'ordre spéculatif. Le danger devenait pressant ; il menaçait la doctrine consacrée de la Terre immobile au centre du monde et autour de laquelle tourne le Firmament. Le Saint- Office pensa qu'il n'était que temps d'intervenir et de sévir.
La condamnation ne fut connue de Descartes que cinq mois après, et semble-t-il, un peu par hasard. Il était encore à Deventer, et venait d'y passer tout l'été ; ou du moins il ne faisait que de se réinstaller à Amsterdam, où nous le retrou- vons en i634, et il allait justement envoyer à Mersenne le
» vn mutuel rapport, & que les caufes font connoiftre leurs effecïs. Mefme » il fe perfuade que c'eft l'vnique expérience f'enfible dont les Sectateurs » de Copernic peuuent- faire eftat, veu que hors de là, le mouuement » gênerai qui emporte l'œil quant & la terre, eft inobferuable par l'œil. »
Le même P. Fournier termine ainsi son exposé de l'opinion de Galilée, p. 455-458 : m Ce font iufques icy les paroles de Monfieur Gaffand, » lefquelles eftant bien pefées, tout homme intelligent auoura qu'on ne » fçauroit pouffer cette fenience plus auant, & luy donner plus de iour & » de couleur, qu'il a fait en cette Lettre, que i'eftime préférable à tout ce » que Galilée en a efcrit dans fes Dialogues. L'honnefteté toutefois, & la » candeur de laquelle il fait vne très particulière profefTion, me donnant » toute alTeurance qu'il prendra en bonne part quelques inftances qu'on » peut raifonnablement obiefter, & qu'en effet il ne tient point cette fen- » lence : le luy diray en peu de mots. . . » (Page 459.) '
La lettre de Gassend à Naudé (4 avril 1643)^ dont parle Fournier, est intitulée : Novem Stellœ vifœ circa lovem, S de eifdem judicium. AcceJJit obfervatio geminatœ in Jingulos dies œjîus maris injiar reciprocationis perpendiculorum. (1643, in-f».)
Le P. Fournier discute point par point l'opinion de Galilée, et lui oppose surtout les observations des navigateurs dans toutes les mers du globe, « fans m'engager, dit-il, à réfuter l'opinion du mouuement de la » terre, ou à l'approuuer » (p. 459). Mais « Galilée eftant Italien, & « demeurant fur vne Mer, en la plus part de laquelle les flux & reflux )) font imperceptibles, a eu tort d'entreprendre d'efcrire d'vn fuiet qu'il » ne pouuoit connoiftre par fa propre expérience, auant que s'informer » de ceux qui demeurent fur l'Océan, & fçauoir parfaictement ce qui fe )) paffoit de plus ordinaire dans les Mers où les marées font hautes, fen- )) fibles & bien réglées. » (Page 460., « S'il eut interrogé les Diepois, les » Bafques, Anglois & Hollandois. , . » (Page 461.J
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