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loo Vie de Descartes.

amis étaient heureux de se revoir, après une si longue absence, et de reprendre des relations qui allaient durer cette fois, puisque notre philosophe revenait définitivement.

Les Provinces-Unies, comme on les appelait, étaient peut être le pays d'Europe qui, pour un homme d'études, offrait alors le plus d'avantages. Elles venaient de conquérir leur indépen- dance, après une lutte victorieuse contre l'Espagne, où elles s'étaient révélées comme une puissance militaire de premier ordre : leur armée, nous l'avons vu, était la grande école où venaient de partout s'aguerrir les jeunes nobles". Comme puis- sance commerciale, la Hollande tenait aussi le premier rang : son commerce, qui s'étendait à tous les pays de l'ancien et du nouveau continent, faisait d'elle à cet égard le centre du monde. De curieuses estampes de ce temps-là nous montrent l'intérieur de la Bourse d'Amsterdam, avec une foule cosmo- polite, où les larges chapeaux de feutre des marchands du pays se mêlent aux turbans enroulés des Turcs et aux bonnets poin- tus des Arméniens; c-t Descartes nous parle lui-même de ce grand port, entrepôt de tous les produits des deux Indes^ Cette prospérité matérielle n'était pas la seule : la Hollande ambi- tionnait aussi, comme il convient, la gloire des lettres, des sciences et des arts. La ville de Leyde, en récompense du long siège soutenu par elle contre les Espagnols, avait demandé et

��a. Voir ci-avant, p. 40-42.

b. Ciianut, résident du roi de France en Suède, rend ce bel hommage à la puissance commerciale de la Hollande, dans une lettre à M. de Brienne, écrite de Stockholm, le i5 déc. 1646 : ■< Il n'eft pas aifé de » diuertir le commerce de la Holande, où il fe fait depuis longues » années par la commodité de leurs haures, la fituation auantageufe au >' milieu des eaues, au delVous de l'Allemagne, & comme au centre de )) l'Europe, & où il s'exerce par vne longue traditiue de toutes les rufes » du traficq. Mais fi cela fe peut, on ne le doit point efperer par eftablifle- « ment de Compagnies, qui n'eurent jamais aucun fucces en France, » où elles fe propofent auec chaleur, fe forment à la hafte, fe refroi- >. diffent aux premières difgraces, & fe terminent enfin en procès entre .. les alfociez. » (Paris, Bibl. Nat., MS. fr. 17962, p. 700. 1

c. Tome I, p. 203-204 : lettre à Balzac, 5 mai i63i.

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