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Période de Jeunesse. 7^

romans, tout au moins VAmadis pour lequel il conservera tou- jours un faible """j ne reculant pas à l'occasion devant un duel (il connaissait bien, théorie et pratique, l'art de l'escrime)^, faisant d'ailleurs grâce de la vie à un adversaire qu'il avait désarmé, et ne lui imposant d'autre condition que de se pré- senter ainsi devant la dame pour les beaux yeux de qui l'on s'était battu : tels bientôt Rodrigue et don Sanche, dans le Cid de Corneille.

C'étaient là les mœurs du temps. Mais en outre, quelle atmosphère intellectuelle respirait-on à Paris, et comment un apprenti philosophe y pouvait-il être aidé dans son dessein de tout réformer ?

Descartes s'intéressait, sans doute, aux productions litté- raires, lui qui dès le collège avait été, dit-il, « amoureux de la » poésie'^ ». La vogue, pendant cette période de 1618 à 1626, fut à certains recueils de vers, fort licencieux, où une impiété

a. Tome I, p. 397, 1. 16-17, " P- ^9^-

h. Voir l'anecdote de Mad« du Rosay, t. X, p. 538. Il circulait encore une autre anecdote, mais dont Baillet a fait justice :

« Je fçay que quelques efprits oififs, dont toute l'induftrie confifte à forger » des aventures, s'entretiennent encore de quelque galanterie prétendue » que l'on a fauffement attribuée à M. Defcartes, touchant une Dame de » Touraine, qui fe vantoit d'avoir autrefois touché fon cœur, & de n'avoir » pourtant jamais reçu de luy que des civilitez innocentes. Elle s'appe- » loit de la Michaudiére, félon les uns, & de la Menaudiére félon les » autres. Il eft vray qu'il y avoit à Tours une Dame de ce dernier nom, )' du têms que M. Defcartes étoit en Hollande. Mais félon M. delà Barre » [En marge: Lettre à M. Legr. du 17 Août 1690. Lettre du 3o Août » 1690.] elle avoit le génie fi médiocre, que fon mérite n'a jamais pu » toucher ce grand Philofophe. Elle mourut le xxviii d'Août 1690, d'une » manière toute fubite. Il faut avouer que cette Dame ne s'étoit pas mis » trop en peine pour réfuter ou démentir ceux qui la complimentoient » fur ce point, ne fe croyant pas obligée de rejetter l'honneur qu'elle y » croyoit attaché. Mais il eft certain que M. Defcartes n'avoit jamais vu » cette Dame; & que cette Dame n'avoit jamais vu M. Defcartes qu'en » peinture, fur un tableau que M. l'abbé de Touchelaye avoit | rapporté » de Hollande au voyage qu'il y fit avec M. l'Abbé Picot en 1642, pour » aller rendre vifite à nôtre Philofophe. » (Baillet, t. II, p. 5oo-5oi.)

c. Tome VI, p. 7, 1. ro-i i.

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