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La Description

excepté dans le poumon, en ſorte que toutes les autres venes ne ſont que ſes branches ; car meſme la vene Porte, qui ſe répand par tout dans la rate & dans les inteſtins, ſe ioint à elle par des tuyaux ſi manifeſtes dans le foye, qu’on la peut mettre de ce nombre. 5 Ainſi l’on doit conſiderer toutes ces venes comme vn ſeul vaiſſeau, qui ſe nomme la vene caue à l’endroit où il eſt le plus large, & qui contient touſiours la plus grande partie du ſang qui eft dans le corps, lequel ſang il conduit naturellement dans le cœur ; en ſorte 10 que, s’il n’en contenoit que trois gouttes, elles quitteroient les autres parties, & iroient ſe rendre vers l’oreille droite du cœur. Dont la raiſon eſt, que la vene caue eſt plus large en cet endroit-là qu’en tous les autres, & qu’elle va de là en s’étreciſſant peu à 15 |peu iuſques aux extremitez de ſes branches ; & que la peau dont ſes branches ſont compoſées, ſe pouuant étendre plus ou moins ſelon la quantité du ſang qu’elles contiennent, ſe reſſerre touſiours quelque peu de ſoy-meſme, au moyen de quoy elle chaſſe ce ſang 20 vers le cœur ; & enfin, qu’il y a des valvules en pluſieurs endroits de ſes branches, qui ſont tellement diſpoſées, qu’elles ferment entièrement leur canal, pour empeſcher que le ſang ne coule vers leurs extremitez, & ainſi ne s’éloigne du cœur, lors qu’il arriue 25 que ſa peſanteur ou quelqu’autre cauſe le pouſſe vers là ; mais qu’elles ne l’empeſchent aucunement de couler de leurs extremitez vers le cœur. En ſuitte de quoy, l’on doit iuger que toutes leurs fibres font auſſi tellement diſpoſées, qu’elles laiſſent couler le ſang 30 plus aiſement en ce ſens-là, qu’au ſens contraire.