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111-112.
La Description

Il eſt vray qu’on peut auoir de la difficulté à croire, que la ſeule diſpoſition des organes ſoit ſuffiſante pour | produire en nous tous les mouuemens qui ne ſe determinent point par noſtre penſée ; c’eſt pourquoy ic taſcheray icy de le prouuer, & d’expliquer tellement 5 toute la machine de noſtre corps, que nous n’aurons pas plus de ſujet de penſer que c’eſt noſtre ame qui excite en luy les mouuemens que nous n’experimentons point eſtre conduits par noſtre volonté, que nous en auons de iuger qu’il y a vne ame dans vne horloge, 10 qui fait qu’elle monſtre les heures.

vi. Il n’y a perſonne qui n’ait deſia quelque connoiſſance des diuerſes parties du corps humain, c’eſt à dire, qui ne ſçache qu’il eſt compoſé d’vn très grand nombre d’os, de muſcles, de nerfs, de venes, d’artères, 15 & auec cela d’vn cœur, d’vn cerueau, d’vn foye, d’vn poumon, d’vn eftomac ; & mefme, qui n’ait veu quelquefois ouurir diuerfes beftes, où il a pu confiderer la figure & la fituation de leurs parties intérieures, qui font à peu prés en elles comme en nous. Il ne fera pas 20 befoin qu’on ait rien apris de plus de l’Anatomie, afin d’entendre cet écrit, à caufe que i’auray foin d’y expliquer tout ce qu’il en faut fçauoir de plus particulier, a mefure que i’auray occafion d’en parler.

VII. Et afin qu’on ait d’abord vne générale notion de 25 toute la machine que i’ay à décrire : le diray icy que c’eft la chaleur quelle a dans le cœur, qui eft comme

le grand reflbrt, & le principe de tous les mouuemens qui (ont en elle ; & que les venes font des tuyaux, qui conduifent le fang de toutes les parties du corps vers 3o ce cœur, où il fert de nourriture à la chaleur qui y eft,