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l’eſtomac, & ſemblables, qui ne contiennent en elles aucune penſée, ne font que des mouuemens corporels, & qu’il eſt plus ordinaire qu’vn corps ſoit meu par vn autre corps, que non pas | qu’il ſoit meu par vne ame, nous 5 auons moins de raiſon de les attribuer a elle qu’à luy.

Nous pouuons voir auſſi que, lors que quelques iv. parties de noſtre corps font offenſées, par exemple, quand vn nerf eſt piqué, cela fait qu’elles n’obeïſſent plus à noſtre volonté, ainſi qu’elles auoient de coutume, 10 & meſme que ſouuent elles ont des mouuemens de conuulſion, qui luy ſont contraires. Ce qui monſtre que l’ame ne peut exciter aucun mouuement dans le corps, ſi ce n’eſt que tous les organes corporels, qui ſont requis à ce mouuement, ſoient bien diſpoſez ; 15 mais que, tout au contraire, lors que le corps a tous ſes organes diſpoſez à quelque mouuement, il n’a pas beſoin de l’ame pour le produire ; & que, par conſequent, tous les mouuemens que nous n’experimentons point dépendre de noſtre penſée, ne doiuent pas eſtre {{{1}}}attribuez à lame, mais à la feule difpolition des organes ; & que mefme les mouuemens, qu on nomme volontaires, procèdent principalement de cette difpofition des organes, puis qu’ils ne peuuent eftre excitez fans elle, quelque volonté que nous en ayons, bien 25 que ce foit l’ame qui les détermine.

Et encore que tous ces mouuemens ceft ! ent dans le v. corps, lors qu’il meurt, & que lame le quitte, on ne doit pas inférer de là, que c’eft elle qui les produit ; mais feulement, que c’eft vne mefme caufe, qui fait

3o que le corps n’eft plus propre à les produire, & qui fait auffi que lame s’abfente de luy Œuvres, Vl. 2q