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donne à penser que la traduction a paru déjà, et que le Traité est postérieur à 1647, et non pas seulement à 1644.

De plus, dans une lettre à la princesse Elisabeth, du 25 janvier 1648, Descartes déclare « qu’il a maintenant un écrit entre les mains », dont il donne même l’objet, sinon le titre : « c’eſt la deſcription des fonctions de l’animal & de l’homme ». (Tome V, p. 112, l. 12-15.) Cela répond exactement aux trois premières parties que nous avons vues. Mais Descartes ajoute cette phrase significative : « Et meſme ie me ſuis auanturé (mais depuis huit ou dix iours ſeulement) d’y vouloir expliquer la façon dont ſe forme l’animal dés le commencement de ſon origine. » (Ibid., l. 19-22.) Et voilà qui désigne clairement la « digression » de notre Traité, sur la « formation de l’Animal », et nous en donne même la date à quelques jours près. Enfin Descartes termine par une phrase que nous retrouvons presque mot pour mot dans le Traité (p. 161, édit. Clerselier) : « Ie dis l’animal en general ; car, pour l’homme en particulier, » ie ne l’oſerois entreprendre, faute d’auoir aſſez d’expériences pour cet effet. » (Tome V, p. 112, l. 22-25.)

Ce texte décisif se trouve confirmé par deux autres, de la même année 1648. Le premier est tiré de l’entretien si intéressant de Descartes et de Burman, à la date du 16 avril 1648. Il y est question d’un Traité de l’Animal, auquel Descartes a travaillé « cet hiver ». Suivent quelques détails caractéristiques : le philosophe voulait d’abord expliquer seulement les fonctions de l’animal ; mais il vit qu’il ne pouvait absolument pas le faire, sans expliquer la formation de l’animal à partir de l’œuf, ab ovo. (Tome V, p. 170-171.) En effet. Descartes, dans son Traité, après avoir parlé du mouvement du cœur & du ſang, puis de la nutrition, traite de la formation de l’animal. Enfin, dans une lettre postérieure, de la fin de 1648, ou du commencement de 1649, il expose, à peu près dans les mêmes termes, son double dessein : deſcription de l’animal, premier dessein, d’ailleurs abandonné « parce qu’il en a maintenant un meilleur, qui est, au lieu de traiter des fonctions de l’animal »,