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3-4.
Le Monde

ſoye[1], & en d’autres qui les portent ailleurs, ſans qu’il y ait rien que la petiteſſe de ces trous, qui les ſepare des plus groſſieres : ainſi que, quand on agite de la farine dans vn ſas, toute la plus pure s’écoule, & il n’y a rien que la petiteſſe des trous par où elle paſſe, qui 5 empeſche que le ſon ne la ſuiue.

Ces plus ſubtiles parties des viandes eſtant inégales, & encore imparfaitement meſlées enſemble, compoſent vne liqueur qui demeureroit toute trouble & toute | blanchaſtre, n’eſtoit qu’vne partie ſe méle incontinent 10 auec la maſſe du ſang, qui eſt contenuë dans tous les rameaux de la vene nommée Porte (qui reçoit cette liqueur des inteſtins), dans tous ceux de la vene nommée

  1. Remarque de Louis de la Forge (1664) : « Dans les rameaux d’vne grande vene qui les porte vers le foye, p. 3, l. 21. Il ſemble, par ce paſſage, que Monſieur Deſcartes ait voulu que le chyle fuſt porté au foye par les anciennes venes Meſeraïques ; car les venes blanches d’Aſellius ne s’aſſemblent pas dans le tronc d’aucune grande vene, mais ſe vont rendre dans le receptacle du chyle de Monſieur Pecquet, lequel ne va pas au foye. C’eſt pourquoy ce ſeul paſſage eſt ſuffiſant pour faire voir qu’il y a long-temps que ce Traitté eſt fait : car il est indubitable que, s’il euſt écrit icy ſuiuant les dernieres connoiſſances qu’il a eues, il auroit fuiuy les experiences d’Aſellius & de Monſieur Pecquet, qui ne luy ont pas eſté inconnües (puis qu’il en parle dans le ſecond Traitté, & quelque part dans ſes Lettres), & qui ne permettent plus de douter que le chyle ne ſoit porté tout entier au cœur, ou du moins la plus grande partie… » (Page 180-1.)

    Descartes cite, en effet, Asellius dans son Traité de la Formation du Fœtus (édit. Clerselier, p. 152), que Louis de la Forge appelle ici « le ſecond Traitté ». Mais il ne cite point Pecquet, et s’il connut la découverte de celui-ci sur le chyle, ce ne fut que par des conversations ou par des lettres, l’opuscule de Pecquet n’ayant été imprimé qu’après la mort du philosophe : Johannis Pecquet Dieppæl Expetimenta Nova Anatomica, Quitus Incognitum hadenus Chyli Receptaculum, & ab eo per Thoracem in ramos uſque Subclavios Vaſa Ladea deteguntur. Ejuſdem Diſſertatio Anatomica, De Circulatione Sanguinis, & Chyli Motu. (Hardervici, apud Joannem Tollium. Juxta exemplar Pariſiis impreſſum Anno MDCLI.) Pet. in-12, pp. 204.