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Ad Directionem Ingénu. 47^

« L'autre manière dont on pèche dans l'examen des conditions de » ce que l'on cherche, eft quand on en omet qui font effentielles à la X quejlion que l'on propofe^. On propofc, par exemple, de trouver par » art le mouvement perpétuel ; car on fçait bien qu'ily en a de perpe- n^tuels dans la nature, comme J ont les mouvcmens des fontaines, des » rivières, dés ajlres. Il y en a qui, s'ejlant imaffine\ que la Terre » tourne fur fan centre-, & que ce n'eji qu'un gros Aimant, dont la » pierre d'Aimant a toutes les propriété^, ont crû aujji qu'on pourrait » difpofer un Aimant de telle forte, qu'il tourneroit toujours circu- 1) lairement. Mais quand cela feroit, on n'auroit pas fatisfait au » problème, de trouver par art le mouvement perpétuel, puifque ce » mouvement ferott aujfi naturel, que celuf d'une roïie qu'on expofe » au courant d'une rivière. »

« Lors donc qu'on a bien examine' les conditions qui defignent & » qui marquent ce qu'il y a d'inconnu dans la queftion, il faut » enfuite examiner ce quTi y a de connu, puifque c'eil par là qu'on » doit arriver à la connoiffance de ce qui eft inconnu. Car il ne faut » pas nous imaginer, que nous devions trouver un nouveau genre >) d'ejlre^, au lieu que nofire lumière ne peut s'ejiendre qu'à recow » noiflre que ce que l'on cherche participe en telle 6'- telle inaniere à la » nature des chofes qui nous font conniies. Si un homme, par exemple, » eftoit aveugle de naijfance, on fe tuëroit en vain de chercher des » argumens & des preuves pour luv faire avoir les rrares idées des » couleurs, telles que nous les avons par les fens... Et de mefme,fi » l'Aimant, & les autres corps dont on cherche la nature, efloit un » nouveau genre d'eflre, & tel que noftre efprit n'en auroit point » conceû de femblable, nous ne devrions pas nous attendre de le con- » noiftre jamais par raifonnement ; mais nous aurions befoin pour cela >) d'un autre efprit que le nojlre,.. Et ainfi on doit croire avoir trouvé )> tout ce qui fe peut trouver par l'efprit humain, fi on peut concevoir n dijlinâement un tel mélange des ejlres & des natures qui nousjont » connues, qu'il produife tous les effets que nous voyons dans l'Aimant. »

Ajoutons que le rapprochement entre ces passages de la Logique de Port-Roj-al et le texte des Régula: avait été fait déjà par Adolphe Garnicr, CEuvres philosophiques de Descartes, i835, t. III, p. 426- 429.

» queftion, «S: qu'ainfi on perde le temps, & on fe fatigue inutilement » l'efprit, en s'arreltant à des chofes qui ne peuvent de rien contribuer à la » refoudre. »

a. Page 436, 1. 21, à p. 437, 1. 10.

b. Reg. XIV, p. 438, 1. 12, à p. 439, 1. 10.

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