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troit en chemin par terre, pour faire le pélerinage à pied, juſqu’à Lorette ; que ſi ſes forces ne pouvoient pas fournir à cette fatigue, il prendroit au moins l’extérieur le plus dévot & le plus humilié qu’il luy ſeroit poſſible, pour s’en acquitter[1]. Il prétendoit partir avant la fin de Novembre pour ce voyage. Mais il paroît que Dieu diſpoſa de ſes moyens d’une autre manière qu’il ne les avoit propoſez. Il fallut remettre raccompliſſement de ſon vœu à un autre têms, ayant été obligé de différer fon voyage d’Italie pour des raiſons que l’on n’a point ſceuës, & ne l’ayant entrepris qu’environ quatre ans depuis cette réſolution. »

« Son enthouſiaſme le quitta peu de jours après ; & quoique ſon eſprit eût repris ſon aſſiééte ordinaire, & fût rentré dans ſon prémier calme, il n’en devint pas plus déciſif ſur les reſolutions qu’il avoit à prendre. Le têms de ſon quartier d’hyver s’écouloit peu à peu dans la ſolitude de ſon poëſle[2] ; & pour la rendre moins ennuyeuſe, il ſe mit à compoſer un traité, qu’il eſpéroit achever avant Pâques de l’an 1620. (En marge : Ibidem. Die 23 Febr.) Dés le mois de Février, il ſongeoit à chercher des Libraires pour traiter avec eux de l’impreſſion de cet ouvrage. Mais il y a beaucoup d’apparence que ce traité fut interrompu pour lors, & qu’il

  1. Descartes avait eu sans doute entre les mains, pendant son séjour au Collège de La Flèche (1604-1612), le volume suivant : Le Pelerin de Lorette. Vœu à la glorieuſe Vierge Marie Mere de Dieu pour Monſeigneur le Daufin. Par Louys Richeome Prouençal, de la Compagnie de Ieſus. (A Bordeaux, par S. Millanges, 1604, in-8o, pp. 983.) — Autres éditions : Le Pelerin de Lorete, accompliſſant ſon vœu faict à la glorieuſe Vierge Marie Mere de Dieu, etc. (Arras, imprimerie Guillaume de la Rivière. 1604 ; Lyon, 1607 ; Bordeaux, 1607; Arras, 1611). L’ouvrage fut traduit en latin : R. P. Ludovici Richeomi, Societatis Ieſu Theologi, Peregrinus Lauretanus, votum Deiparæ Virgini nuncupatum exſoluens. Nunc recens à F. Ioanne Haickſtein Carthuſiæ Colonienſis Alumno, ex idiomate gallico in latinum conuerſus. (Coloniæ, apud Ioannem Crithium, M.DC.XII.) — Louis Richeome, appelé de son temps le Cicéron français, était né à Digne en Provence, l’an 1544 ; il entra au noviciat des Jésuites à Paris, le 25 juillet 1565, enseigna deux ans la grammaire et les humanités, et neuf ans la rhétorique ; il fut six ans recteur de Dijon, deux fois provincial de Lyon, et une fois d’Aquitaine ; il fut aussi assistant de France, de 1608 à 1615. Il mourut à Bordeaux, le 15 septembre 1625. Les œuvres du P. Richeome comptent jusqu’à 41 numéros dans la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouv. édit. par Carlos Sommervogel, S. J., Strasbourgeois, t. VI, 1895, p. 1815-1831.
  2. Voir t. VI de la présente édition, p. 11, l. 4-12.