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84 Correspondance. i, 3-4-

ment de pouuoir. Et bien que ce qu'on fait alors puilTe eftre mauuais, on eft alTuré neantmoins qu'on fait fon deuoir; au lieu que, û on exécute quelque adion de vertu, & que cependant on penfe mal faire, ou bien qu'on néglige de fçauoir ce qui en eft, on n'agit pas 5 en homme vertueux. Pour ce qui eft de l'honneur & de la louange, on les attribue fouuent aux autres biens de la fortune ; mais, pource que ie m'aflure que voftre Maiefté fait plus d'eftat de fa vertu que de fa cou- ronne, ie ne craindray point icy de dire qu'il ne me 10 femble pas qu'il y ait rien que cette vertu qu'on ait iufte raifon de louer. Tous les autres biens méritent feulement d'eftre eftimez, & non point d'eftre honorez ou louez, fi ce n'eft en tant qu'on prefuppofe qu'ils font acquis ou obtenus de Dieu par le bon vfage du i5 libre arbitre. Car l'honneur & la louange eft vne ef- pece de recompenfe, & il n'y a rien que ce qui dépend de la volonté, qu'on ait fuiet de recompenfer ou de punir.

Il me refte encore icy à prouuer que c'eft de ce bon jo vfage du libre arbitre, que vient le plus grand & le plus folide contentement de la vie; ce qui me femble n'eftre pas difficile, pource que, confiderant auec foin en quoy confifte la volupté ou le plaifir, & géné- ralement toutes les fortes de contentemens qu'on j5 peut auoir, ie remarque, en premier lieu, qu'il n'y en a aucun qui ne foit | entièrement en l'ame, bien que plufieurs dépendent du corps ; de mefme que c'eft auffi l'ame qui voit, bien que ce foit par l'entremife des yeux. Puis ie remarque qu'il n'y a rien qui puiffe 3o donner du contentement à lame, linon l'opinion

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