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72 Correspondance.

Paris, Vaton, 1845, p. 3o9-3 1 2, d'après une copie MS. de la Bibliothèque Nationale, que nous n'avons pas retrouvée. En revanche, deux autres copies manuscrites de la même lettre existent aussi à la Bibliothèque na- tionale : Recueil de M"^ Perier, fr. lagS'S, t. I, p. 7, et Mémoires sur la vie de M. Pascal, fr. i52Si, p. 6 verso. Elles donnent un texte identique, tout semblable également à celui qu'a publié Faugcre, sauf la date, l'en- tête, la signature et l'adresse, qui manquent dans nos deux copies.

« Lettre de M" Pascal a Mad' Perier sa sœur, ou il est parlé d'une « entreveuê de M' Pascal avec M" Descartes. « 

[« A Paris, ce mercredi 25 septembre 1647. >>]

« J'ay ditl'eré a t'écrire, ma très chère sœur, parce que je voulois te " mander tout au long l'entreveué de M^ Descartes et de mon frère, et je u n'eus le loisir <; hier> de te dire, que dimanche au soir, M Habert » vint icy accompagné de^M'^de Montigny de Bretagne, qui me venoit ') dire, au deffaut de mon frère, qui étoit a l'Eglise, que M. Descartes, » son compatriote et intime amy, avoit fort témoigné avoir envie de voir » mon frère, a cause de la grande estime qu'il avoit oui faire de M. mon » père et de lui, et que, pour cet effet, il l'avoit prié de venir voir s'il n'in- » commoderoit pas mon frère, parce qu'il savoit qu'il étoit malade, en » venant céans le lendemain a 9 heures du matin. Quand M' de Monti- » gny me proposa cela, je fus assez empêchée de répandre, a cause que je u savois qu'il a peine a se contraindre et a parler, particulièrement le » matin; néanmoins, je ne crûs pas a propos de le refuser, si bien que » nous arrêtâmes qu'il viendroit a 10 heures et demie le lendemain; ce » qu'il fit avec M Habert, M de Moniigny, un jeune homme de soutane » que je ne connois pas, le fils de M de Montigny, et 2 ou 3 autres petits » garçons. M' de Roberval, que mon frère en avoit averti, s'y trouva; et » là, après quelques civilités, il fut parlé de l'instrument-', qui fut fort » admiré, tandis que M. de Roberval le montroit. Ensuite on se mit sur le » vuide, et M' Descartes avec vn grand sérieux, comme on lui comptoit » vne expérience et qu'on lui demanda ce qu'il croyoit qui fut entré dans )< la seringue, dit que c'étoit de la matière subtile ; sur quoy mon frère lui ■) répondit ce qu'il put, et M de Roberval, croyant que mon frère auroit >) peine a parler, entreprit avec vn peu de chaleur M Descartes, avec civi- » lité pourtant, qui lui répondit, avec un peu d'aigreur, qu'il parleroit a » mon frère tant que l'on voudroit, parce qu'il parloit avec raison, mais » non pas avec lui, qui parloit avec préoccupation ; et la dessus, voyant a » sa montre qu'il étoit midy, il se leva, parce qu'il étoit prié de diner au » fauxbourg Saint Germain, et M' de Roberval aussi, si bien que M Des- » caries l'emmena dans vn carosse ou ils étoient tous deux seuls, et la ils » se chantèrent goguette, mais vn peu plus fort qu'icy", a ce que nous

a. C'est-à-dire la machine arithmétique que Pascal avait inventée.

b. Faugère Imprime (avec raison ?) que jeu, au lieu de qu'icy.

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