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640 Préfaces de Clerselier. (4-5)

» n'a duré qu'autant que le choc & le chamaillis de la difpute, & » que toute cette gloire s'efl éuanouïe auec le fon des paroles. Les » réponles que Monfieur Defcartes a faites aux objedions du » Reuerend Père Bourdin, qui feruent de fujet à quelques-vnes » de fes lettres, feruiront auffi de preuue à ce que i'auance, » & feront connoiftre lequel des deux a véritablement triomphé de » l'autre. »

« Si le Père Bourdin n'auoit point fait d'obje6lions contre les » Méditations Metaph3'fiques de Monfieur Defcartes, ou ïi, en » ayant fait, il les avoit écrites d'vn ftile plus ferieux & moins » emporté, ie ne trouuerois rien à redire en tout ce qu'il a fait » contre luy dans fes difputes de Collège & dans fes Thefes, où l'on » fçait bien que fouuent l'on auance des chofes que l'on ne croit point » du tout, pour ouurir vn plus beau champ à la difpute, & fournir » plus de matière pour argumenter. Mais il deuoit fe contenter » d'auoir contredit publiquement la Dioptrique, & d'en auoir » fait, comme i'ay dit, vn fujet de difpute. en attribuant tout » exprés à Monfieur Defcartes des opinions qu'il n'auoit point, pour » donner plus de fujet de le deffendre, ou pour auoir plus de moyen » d'en triompher; eilant de l'honneur du Maiflre & du Répondant » de paroiftre au moins fortir vidorieux du combat qu'ils entre- » prennent. Il auroit pu s'excufer fur la couftume, qui femble » authorifer en quelque façon ces petites fourbes & déguifemens; » à caufe que l'on elt preuenu de cette penfée, que tout ce qui fe » palTe dans ces adions n'efl qu'vn jeu & vn diuertiffement » d'elprit, qui ne porte aucune confequence pour la vérité des » opinions de l'Autheur que l'on combat ; eftant très-facile de fe » détromper & de s'éclaiicir fur ce point, par la ledure mefme de » fes ouurages. »

« C'eft ce qui a fait que toutes ces difputes qui fe font faites » depuis quelques années, auec beaucoup de pompe & d'appareil, )' contre la doftrine de Monfieur Defcartes, ne m'ont point furpris » ny eftonné ; ie m'en fuis mefme fouuent réjotiy, & l'honneur que » l'on m'a prefque toufiours fait de m'y conuier, a fait que ie n'ay » pu refufer quelquefois, félon que mes forces & ma fanté me l'ont » Ipù permettre, de me prefenter au combat, & d'entrer en lice » comme les autres. Pour le fuccez, ie ne m'en mets pas en peine, » & ce n'eft point à moy à en iuger; car, outre que ceux qui fe » battent pour vn prix, ne font pas & ne doivent pas eflre eux- » mefmes les iuges du mérite des combattans, cette forte de difpute » fe fait auec trop de précipitation, & fouuent auec trop de chaleur,

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