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620 Préfaces de Clerselier. (5-6)

» commandement qui lui fut fait de fa part, de luy vouloir expli- » quer fon | opinion touchant le Souuerain Bien de cette vie ; à quoy >' il lu}' fut d'autant plus aifé d'obeïr, qu'il auoit encore toutes )) fraifches en ia mémoire ces hautes confiderations qu'il auoit eues 1) dans l'examen qu'il auoit nouuellement fait du Hure de Seneque, .» de vitâ Beatd, lequel il auoit luy mefmc choifi, comme vn fujet » digne de feruir d'entretien & de diuertiffement à cette autre fça- )» uante Princeffe, Elizabeth de Bohême, lors qu'allant prendre des » eaux à Spa, les Médecins luy auoient recommandé de n'occuper » fon efprit à aucune chofe qui le pufl: trauailler, ainfi qu'on verra » par les lettres qu'il luy écrit". C'eft dans ces lettres où il a fait Il voir que la Morale eftoit l'vne de fes plus ordinaires Méditations, " & qu'il n'eftoit pas fi fort occupé à la confideration des chofes qui '1 fe paflent dans l'air, ny à la recherche des fecrettes voyes que la )) nature obferue icy bas dans la production de fes ouurages, qu'il ne » filt fouuent reflexion fur luy-mefme, & qu'il n'employait les pre- " miers & les principaux de fes foins à s'inl1:ruire, & à régler les » actions de fa vie fuiuant la vraye raifon, comme vne chofe, » laquelle, ainfi qu'il dit lu3-mefme, ne fouffre point de delay, à » caufe que nous deuons fur tout tafcher de bien viure. Aufll, ces » grandes & ferieufcs reflexions qu'il auoit faittes fur les mœurs des » hommes, dans la fréquentation des Cours & des Armées, & dans ') le refte du grand liure du monde, l'auoient rendu fi fçauant en » cette matière, que, dans l'examen qu'il a fait du liure de Seneque, » il ne s'eft pas contenté de remarquer fes fautes, mais comme vn » Maiflre capable de- faire des leçons à cet Ancien Doifleur des » Mœurs, il a aulTi marqué ce qu'il deuoit dire, pour rendre fon » liure le meilleur & le plus vtile qu'vn Philofophe comme luy, qui » n'eftoit point éclairé des lumières de lafoy, euft fçeu écrire. Apres » quoy, ie ne penfe pas qu'il y en ait plus aucun, de ceux qui dans » leurs écrits l'ont accule de vanité en feS études, comme s'atta- » chant entièrement à la recherche des chofes vaines & dont la ') fcience enfle l'efprit, au lieu de celles qui inftruifent & perfec- » tionnent l'homme, qui ofe plus luy faire vn femblable reproche;

a. Letn-es CCCXCIL CCCXCVII, CCCXCIX, CDI, CDIII, CDVII et CDXI, t. IV, p. 25i, 263, 271, 280, 290, 804 et" 33o. — Clerselier se trompe et interprète mal certains passages de Descartes : la princesse Elisabeth a bien pris des eaux de Spa, mais non pas à Spa ; elle n'a point quitté pour cela La Haye (voir t. IV, p. 204 et 25 1, lettres CCCLXXVI et CCCX'CII).

b. Discours de la Méthode, p. 25, 1. 3, de la présente édition.

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