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H, 56o-56i. Additions. 5 «7

& ie vous fuis obligé de ce que vous témoignez le vou- loir fuiure, nonobftant que vous ayez des raifons au contraire, que ie confeffe eftre tres-fortes. Car ie ne doute point que voftre efprit ne vous puiiTe fournir 5 de meilleurs diuertiiïemens, que ne fait le tracas du monde. Et bien que la couflume & l'exemple faffe efti- mer le meftier de la guerre comme le plus noble de tous, pour moy qui le confidere en Philofophe, ie ne l'eftime qu'autant qu'il vaut, & mefme i'ay bien de la

10 peine à luy donner place entre les profeffions hono- rables, voyant que Toyfiueté & le libertinage font les deux principaux motifs qui y portent auiourd'huy la plufpart des hommes ; ce qui fait que i'auroisvn regret inconfolable, s'il vous y mef-arriuoit. Enfin i'auouë

i5 qu'vn-homme incommodé de maladie fe doit eftimer plus vieil qu'vn autre, &. qu'il vaut mieux fe retirer fur fon gain que fur fa perte. Toutesfois, pource qu'au ieu dont il eft icy queflion, ie ne croy point qu'il y ait aucun hazard de perdre, mais feulement de ga(gner

20 ou ne gagner pas, il me femble qu'il eil affez à temps de s'en retirer, lors qu'on n'y gaigne plus. Et pource que i'ay veu fouuent des vieillards qui m'ont dit auoir elle plus mal fains en leur ieunefle, que beaucoup d'autres qui font morts pluftoft qu'eux, il me femble

25 que, quelque foibleffe ou <in> difpofition de cors que nous ayons, nous deuons vfer de la vie & en dif- pofer les fondions en mefme façon que fi nous eftions alTurez de paruenir iufques à vne extrême vieilleffe. Bien qu'au contraire, quelque force ou quelque fanté

3o que nous ayons, nous deuions aufii eftre préparez à receuoir la mort fans regret, quand elle viendra,^parce

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