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DLXXXVI. — lo Février 1650. 481

��RELATION DE CLERSELIER.

(Tirée de la Préface du tome I des Lettres de M. Descaries, Paris, Angot, lôS/. Achevé d'imprimer, 3o janvier 1657.)

a . . .Pour couronner cette Préface par vne belle fin, ie m'estois pro- » posé, suiuant le désir de plusieurs personnes, de mettre icy quelque » chose de la vie de ce grand homme; mais depuis i'ay pensé que ce se- » roit faire tort à vn si noble sujet, que d'en parler dans la Préface d'vn » liure, où' l'on ne pourroit tout au plus le traitter qu'en racourcy, ie » veux dire en retranchant la meilleure partie de ses plus belles actions. C'est pourquoy, pour ne rien dire icy qui fust indigne d'vne si belle » vie, laissant ce grand sujet à traitter à quelqu'vne de ces sçauantes et » délicates plumes du siècle, à qui nostre langue est redeuable de ses » beautez, ie me suis restraint à faire simplement le récit de sa mort, » sans y apporter d'autre ornement que celuy de la vérité; ce qui peut- » estre sera mieux receu de plusieurs, et aura plus de pouuoir pour les » persuader, que si i'auois employé toutes les grâces de l'éloquence. Car » cet illustre Personnage a eu ce mal-heur commun auec tant d'autres, » de n'estre pas seulement persécuté pendant sa vie, mais mésme d'auoir » esté poursuivy par la calomnie après sa mort : quelques-vns l'ayant fait j> passer pour vn hérétique, d'autres pour vn libertin, et d'autres enfin » ayant fait courre le bruit qu'il estoit mort de déplaisir, de n'auoir pu » estre fauorablement écouté de cette sçauante et incomparable Reine qui » l'aucit appelle auprès d'elle ; contre toutes lesquelles injures et calom- » nies, ie n'ay point trouué de meilleure et de plus iuste défense, que de » leur opposer simplement la vérité. Et ce peu que i'ay à dire de l'his- » toire de ses derniers iours, pourra mesme estre pris par ceux qui déjà s le connoistront d'ailleurs, pour vn tableau de sa vie en quelque façon » acheué ; puis qu'il nous a déjà luy-mesme décrit sa ieunesse, et la ma- » niere dont il a conduit ses études, pour rechercher, auec plus de certi- » tude qu'on ne luy auoit apris, la vérité dans les sciences, dans le dis- » cours qu'il a fait de la Méthode ; et que ses lettres nous apprendront icy » plus particulièrement quelles ont esté ses plus ordinaires occupations, f auec quelles personnes il auoit de plus particulières habitudes, quelle a » esté sa manière de viure, et nous conduiront insensiblement dans l'his- » toire de sa vie, iusques au temps de sa mort. »

« C'est vne chose connue de tout le monde, que la Reine Christine de » Suéde, régnante alors, ayant souhaitté auec passion d'entendre de viue » voix cet homme si rare, qu'elle voyoit estre l'admiration de tous les » sçauans, elle qui faisoit gloire d'apeler et d'auoir auprès de sa personne » tous ceux qu'elle sçauoit auoir quelque chose de recommandable par » dessus les autres, ne cessa point de le solliciter, qu'elle ne l'cust fait Correspondance. V, 61

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