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I )6 Correspondance. m, 6?7-638.

en luy transférant fon mouuement, elle ne luy donne que la miliéme partie de fa vitefTe. Et pour ce que, fi deux corps inégaux reçoiuent autant de mouuement l'vn que ifautre, cette pareille quantité de mouuement ne donne pas tant de vitefTe au plus grand qu'au plus 5 petit, on peut dire en ce fens que, plus vn corps con- tietjt de matière, plus il a d'Inertie Naturelle. A quoy l'on peut adioûter qu'vn corps qui efl grand peut mieux transférer fon mouuement aux autres corps qu'vn petit, & qu'il peut moins eftre meu par eux. De lo façon qu'il y a vne forte d'inertie qui dépend de la quantité de la matière, & vne autre qui dépend de l'étendue de fes fuperficies.

Pour voftre autre queftion, vous auez, ce me femble, fort bien répondu vous-mefme fur la qualité de la i5 connoilTance de Dieu en la béatitude, la diftinguant de celle que nous en auons maintenant, en ce qu'elle fera intuitiue. Et fi ce terme ne vous fatisfait pas, & que vous croyiez que cette connoiffance de Dieu in- tuitiue foit pareille, ou feulement différente de la jo noflre dans le plus & le moins des chofes connues, & non en la façon de connoiftre, c'eft en cela qu'à mon aduis vous vous détournez du droit chemin. La con- noiffance intuitiue eft vne illuftration de l'efprit, par laquelle il voit en la lumière de Dieu les chofes 25 qu'il luy plaift luy découurir par vne impreffion di- rede de la clairté diuine fur noftre entendement, qui en cela n'eft point confideré comme agent, mais feu- lement comme receuant les rayons de la Diuinité. Or toutes les connoiffances que nous pouuons auoir de 3o Dieu fans miracle en cette vie, defcendent du raifon-

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