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I, 78-79.
Correspondance.

ce Traité, & si elles ne satisfont à vostre Altesse, ie ne
manqueray pas de le reprendre.

La première est que ie n’y sçaurois mettre toutes
les veritez qui y deuroient estre, sans animer trop
contre moy les gens de l’Escole, & que ie ne me trouue5
point en telle condition que ie puisse entièrement
mépriser leur haine[1]. La seconde est que i’ay déjà
touché quelque chose de ce que i’auois enuie d’y mettre,
dans vne Préface qui est au-deuant de la traduction
Françoise de mes Principes, laquelle ie pense que10
vostre Altesse a maintenant receuë. La troisiéme est
que i’ay maintenant vn autre écrit entre les mains,
que i’espere pouuoir estre plus agréable à vostre Al-
tesse : c’est la description des fonctions de l’animal &
de l’homme. Car ce que i’en auois brouillé, il y a douze15
ou treize ans, qui a esté vû par vostre Altesse, estant
venu entre les mains de plusieurs qui l’ont mal trans-
crit[2], i’ay crû estre obligé de le mettre plus au net,
c’est à dire, de le refaire. Et mesme ie me suis auan-
turé (mais depuis huit ou dix iours seulement) d’y20
vouloir expliquer la façon dont se forme l’animal dés
le commencement de son origine. Ie dis l’animal en
gêneral ; car, pour l’homme en particulier, ie ne l’ose-
rois entreprendre, faute d’auoir assez d’expérience
pour cet effet[3].25

Au reste, ie considere ce qui me reste de cet hyuer,
comme le temps le plus tranquille que i’auray peut-estre

  1. Allusion à ses affaires de Lcyde avec Revius, et d'Utrecht avec Regius et toujours Voetius. Voir la lettre précédente et ci-après lettre DVIII.
  2. Voir ci-avant t. IV, p. 566, l. 17, à p. 567, l. 17.
  3. Ce passage, l. 19–26, est cité par Baillet, qui met en marge : « Lettre à Picot MS. du 31 de Janvier. » (Vie de Mons. Des-Cartes, II, 338.)