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288 Œuvres de Descartes.

cette fphere eft d'autant plus ample qu'il eft plus grand, ou du moins qu'il eft plus long.,., pource que les parties canelées, y cou- lant par de plus longs conduits, ont loifir d'y acquérir la force de pajfer plus aiiant dans l'air en ligne droite. Ce qui fait que la vertu des grands aymans s'ejîend touf-joiirs beaucoup plus loin que celle des petits, bien que d'ailleurs elle /oit quelquefois plus foible : à fçauoir, lors qu'il n'j- a pas tant de conduits, propres à receuoir les parties cajtelées, dans vn grand ajmant que dans vn moindre. Or fi la fphere de la vertu de l'aymant O eftoit entièrement feparée de celle de l'aymant P, qui eft TXS, encore que les parties canelées qui fortent de cet aymant O poufferoient l'air qui eft vers R & vers S, comme elles font, elles ne le chalferoient point pour cela des lieux où il eft, à caufe qu'il n'auroit point d'autre lieu où il puft aller, pour éuiter d'eflre poujfé par elles, & rendre leur cours plus facile. Mais maintenant que les fpheres de ces deux aymans font tellement jointes en S, que le pôle Boréal de l'vn regarde le pale Aujlral de l'autre, ilfe trouue vn lieu oii l'air qui ejl vers S peutfe 425 retirer, à fçauoir vers R & vers T, derrière ces deux af\mans, en faifant qu'ils s'approchent l'vn de l'autre; car il eft éuident que cela facilite le cours des parties canelées, aufquelles il efi plus aifé de paffer en ligne droite d'vn aymant en l'autre, que défaire deux tour- billons fepare^ autour d'eux; & elles peuuent paffer ainft en ligne droite de l'vn en l'autre, d'autant plus aifément qu'ils font plus pro- ches. C'efl pourquoj- elles chaflent, vers R & vers T, l'air qui fe trouue entre-deux...; & cet air ainfi chafle fait auancer les deux aymans d'R & T vers S...

i54. Pourquoy aujfi quelquefois ilsfe fuient^.

Mais cela n'arriue que lors que le pôle Auflral de l'vn de ces aymans efl tourné vers le Boréal de l'autre ; car, au contraire, ils fe reculent & fe fuyent l'vn l'autre, lors que ceux de leurs pôles qui fe regardent, font de mefme vertu, & que leur fituation ou quelque autre caufe les empefche tellement de fe tourner, qu'elle ne les empefche pas pour cela de Je mouuoir en ligne droite. Dont la raifon eft que les parties canelées qui fortent de ces deux aymans, ne pouuant entrer de l'vn en l'autre, fe doiuent referuer entre-deux quelque efpace pour paffer en l'air d'alentour... Par exemple, fi l'aymant O" flotte fur l'eau dans vne petite gondole, en laquelle il fait tellement planté fur

a. Propriété 5, p. 280.

b. Planche XX, figure i.

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