Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/456

Cette page n’a pas encore été corrigée

1^8 OEuvREs DE Descartes.

violence, qu'elle emporte fans celfe auec foy quelque partie des taches qui font en fa fuperficie, & ainji en défait ou dijfoiit à peu près autant qu'il s'en produit de nouuelles... Et l'expérience fait voir que toute la fuperficie du Soleil, excepté celle qui eft vers fes pôles, ell ordinairement couuerte de la matière qui compole ces taches, bien qu'on ne luy donne proprement le nom de taches, qu'aux endroits où elle eft fi épaiffe..., qu'elle ohfcurcit notable- ment la lumière qui vient de luy vers nosj'eux.

gj. D'ail vient que leurs extrémité^ paroijjfent quelquefois peintes des me/mes couleurs que l'arc en ciel.

Or il peut aifement arriuer, lors que ces taches font affez épaiffes 2U & ferrées, que la matie|re. . . du Soleil, qui les diiTout peu à peu en coulant fous elles, les diminue dauantage en leur circonférence qu'au milieu, & que par ce moyen leurs extremitez deuiennent tranlparentes & moins épaiffes vers la circonférence que vers le milieu, ce qui fait que la lumière qui pajje au trauers f fouffre réfraction; d'où il fuit que ces extremitez doiuent alors paroiiVre peintes des couleurs de l'arc en ciel, pour les raifons que j'ay ex- pliquées au huitième Difcours des Météores*, en parlant d'vn prifme ou triangle de crifial, & on a fouuent obferué de telles cou- leurs en ces taches.

��gS. Comment ces taches Je changent en fiâmes, ou au contraire les Jlames en taches.

Il peut fouuent aufll arriuer que la matière du Soleil rend leurs extremitei fi minces en paffant fous elles, qu'elle peut enfin paffer aufll au deffus, £■■ les enfoncer fous fof, au moyen de quoy fe trou- uant engagée entr'elles & la fuperficie du Ciel qui ell tout proche, elle efl contrainte de fe mouuoir plus vite qu'à l'ordinaire : ainfi que les riuieres font plus rapides aux endroits où, leur lit eftant fort ellroit, il fe trouue encore des bancs de fable qui s'éleuent prefque à fleur d'eau, qu'en ceux où il ell plus large & plus profond. Et de ce qu'elle fe meut plus rite, il eft éuident que la lumière y doit pa- roiftre plus viue qu'aux autres endroits de la fuperficie du Soleil. 212 Ce qui s'accorde auec l'expérience; car \ on obferue fouuent des petites fiâmes qui fuccedent aux taches qu'on auoit auparauant

a. Voir t. VI, p. 329, de ceue édition.

�� �