Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/409

Cette page n’a pas encore été corrigée

Principes. — Troisiesme Partie. i i i

corps qu'elle touche ne Ibnt grandement durs & Iblides, elle efbranle toutes leurs petites parties, & emporte auec foy celles qui ne luf font point trop de fejî/lence : toutefois fon mouuement ne confifte qu'en ce que chacune de Ces parties fe meut leparement, car toute la flamme ne palTe point pour cela d'vn lieu en vn autre, fi elle n'ell tranfportée par quelque corps auquel elle foit attachée. Ainfi nous pouuons croire que le Soleil ell compole d'vne matière fort liquide, & dont les parties font fi extrêmement agitées, qu'elles emportent auec elles les parties du Ciel qui leur font voifines & qui les enuironnent ; mais qu'il a cela de commun auec les Eftoiles fixes, qu'il nelpaffe point pour cela d'vn endroit du Ciel en vn autre. 136

22. Que le Soleil n'a pas befoin d'aliment comme la flamme.

Et on n'a pas fujet de penfer que la comparaifon que je fais du Soleil auec la flamme ne foit pas bonne, à caufe que toute la flamme que nous voyons fur la Terre a befoin d'eftre jointe à quelque autre corps qui luy férue de nourriture, & que nous ne remarquons point le mefme du Soleil. Car, fuiuant les loix de la nature, la flamme, ainfi que tous les autres corps, continueroit d'eftre, après qu'elle cft vne fois formée..., & n'auroit point befoin d'aucun aliment à cet effet, fi fes parties, qui font extrêmement fluides, & mobiles n'al- loient point continuellement fe méfier auec lair qui eft autour d'elle, & qui, leur q/fant leur agitation, fait qu'elles cejfent de la compofer. Et ainfi ce n'eft pas proprement pour eftre conferuée, qu'elle a befoin de nourriture, mais afin qu'il renaiffe continuel- lement d'autre flamme qui luy fuccede, à mefure que l'air la dil- fipe. Or nous ne voyons pas que le Soleil foit ainfi didipé par la matière du Ciel qui l'enuironne; c'eil pourquoy nous n'auons pas fujet de juger qu'il ait befoin de nourriture comme la flamme, encore qu'il luy rejfemble en autre chofe. Et toutefois j'cfpere faire voir cy-apres ', ^«^7/ /«;- ejl encore feniblable en cela, qu'il entre en luy fans ceffe quel|que matière, & qu'il en fort d'autre. 131

23. Que toutes les EJloiles ne font point en vne fuperficie fpheriqae, & qu'elles font fort éloignées l'vne de l'autre.

Au refte, il faut icy remarquer que, fi le Soleil & les Eftoiles fixes fe reflemblent en ce qui efl de leur fituation, nous ne deuons pas

a Art. 69.

�� �