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Principes. — Seconde Partie. 71

foit de mefme grandeur & de mefme figure qu'aupa|rauant. De forte que, fi nous difons qu'vne chofe eft en tel lieu, nous entendons feulement qu'elle eft fituée de telle façon à l'égard de quelques autres chofes ; mais fi nous adjouftons qu'elle occupe vn tel efpace ou vn tel lieu, nous entendons, outre cela, qu'elle eft de telle gran- deur & de telle figure qu'elle peut le remplir toutjujlement.

i5. Comment lafuperficie qui enuironne vn corps peut ejire prife pour fon lieu extérieur.

Ainfi nous ne diftinguons jamais l'efpace d'auec l'eftenduë en lon- gueur, largeur & profondeur; mais nous confiderons quelquefois le lieu comme s'il eftoit en la chofe qui eft placée, & quelquefois auffi comme s'il en eftoit dehors. L'intérieur ne diftere en aucune façon de l'efpace ; mais nous prenons quelquefois l'extérieur, ou pour la fuperficie qui enuironne immédiatement la chofe qui eft placée (& il eft à remarquer que, par la fuperficie, on ne doit entendre aucune partie du corps qui enuironne, mais feulement l'extrémité qui eft entre le corps qui enuironne & celuy qui eft enuironne, qui n'eft rien qu'vn mode ou vue façon), ou bien pour la fuperficie en gênerai, qui n'eft point partie d'vn corps pluftoft que d'vn autre, & qui femble touf-jours la mefme, tant qu'elle eft de mefme grandeur & de mefme figure. Car, encore que nous voyons que le corps qui enuironne vn autre corps, paffe ailleurs auec fa fuper|ficie, nous n'auons pas couftume de dire que celuy qui en eftoit enuironne aye pour cela changé de place, lors qu'il demeure en la mefme fituation à l'égard des autres corps... que nous confi- derons comme immobiles. Ainfi nous difons qu'vn batteau qui eft emporté... par le cours d'vne riuiere, mais qui eft repouffé... par le vent d'vne force fi égale qu'il ne change point de fituation à l'égard des riuages, demeure en mefme lieu, bien que nous voyons que toute la fuperficie qui l'environne change inceffamment.

16. Qu'il ne peut y auoir aucun vuide aujens que les Phitofophes prenent ce mot.

Pour ce qui eft du vuide, au fens que les Philofophes prennent ce mot, à fçauoir pour vn efpace où il n'y a point de fubftance, il eft éuident qu'il n'y a point d'efpace en l'rniucrs qui foit tel, pource que l'extenfion de l'efpace ou du lieu intérieur n'eft point différente de l'extenfion du corps. Et comme, de cela feul qu'vn corps eft

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