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Principes. — Seconde Partie. 6^

fiter ou nuire, mais non pas quelle ejl leur nature, fi ce n'eft peut- cllre rarement iS: par hazard. Car, après celle réflexion, nous quitte- rons fans peine tous les préjugez qui ne font fondez que fur nos fens, & ne nous Icruirons que de nollrc entendement, pource que c'eft en iuy /c'2//que les premières notions ou idées, qui font comme les femences des rerite:{ que nous fommes capa\bles de connoiflre, 64 le trouuent naturellement.

��4. Que ce n'ejl pas la pcfauteur, ni la dureté, ni la couleur, &c., qui conjiituë la nature du corps, mais l'exteti/ton feule.

En ce faifant, nous fçaurons que la nature de la matière, ou du corps pris en gênerai, ne confifte point en ce qu'il ell vne chofe dure, ou pefiinte, ou colorée, ou qui touche nos iéns de quelque autre façon, mais feulement en ce qu'il eft vnG fubfiance eftenduë en lon- gueur, largeur & profondeur. Pour ce qui efl: de la dureté, nous n'en connoiffons autre chofe, par le moyen de l'attouchement, finon que les parties des corps durs refirent au rnouuement de nos mains lors qu'elles les rencontrent; mais fi, toutes les fois que nous por- tons nos mains vers quelque part, les corps qui font en cet endroit fe retiroient auffi vifte comme elles en approchent, il efl certain que nous ne fentirions jamais de dureté; & neantmoins nous n'auons aucune raifon qui nous puiffe faire croire que les corps qui fe retire- roient de cette forte perdiffent pour cela ce qui les fait corps. D'où il fuit que leur nature ne confiite pas en la dureté que nous /entons quelques/ois à leur occafion, ni auffi en la pefanteur, chaleur & autres qualitez de ce genre; car 7? nous examinons quelque corps que ce foit, nous pouuons penjer qu'il n'a en foy aucune de ces qua- litez, & cependant nous connoiffons clairement & diflinâement qu'W a tout ce qui le | fait corps, pourueu qu'il ail de l'extenflon en Ion- 65 gueur, largeur à'- profondeur: d'où il fuit aulli que, pour eflre, il n'a befoin d'elles en aucune façon, & que fa nature confifle en cela feul qu'il eft vue fubflance qui a de l'extenflon.

5. Que cette vérité ejl obfcurcie par les opinions dont on eft préocupé touchant la rarefaâion & le vuide.

Pour rendre cette vérité entièrement éuidente, il ne relie icy que

deux difficultez à éclaircir. La première coniifle en ce que quelques-

vns, voyant proche de nous des corps qui font quelquefois plus &

quelquefois moins raréfiez, ont imaginé qu'vn melme corps a plus

Œuvres. IV. 40

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