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��Principes. — Première Partie. 47

quelque exiftence..., il elt befoin que nous les examinions icy l'vne après l'autre, ajin de dijtinguer ce qui ejt obfcur d'auec ce qui eft éuident en la notion que nous auons de \ chacune. Lors que nous con- ceuons la fubftance, nous conceuons feulement vne chofe qui exifte en telle façon, qu'elle n'a befoin que de foy-mefme pour exifter. En quof il peut y auoir de' l' obfcur ité touchant V explication de ce mot : N'auoir befoin que de Jof-mefme ; car, à proprement parler, il n'y a que Dieu qui foit tel, & il n'y a aucune chofe créée qui puilfe exiller vn feul moment fans eftre foultenuë & conferuée par fa puiifance. C'eft pourquoy on a raifon dans l'Efcole de dire que le nom de fubftance n'ell pas « vniuoque » au regard de Dieu & des créatures, c'eft à dire qu'il n'y a aucune fignification de ce mot que nous con- ceuions diftindement, laquelle conuienne à luy & à elles; mais pource qu'entre les chofes créées quelques-vnes font de telle nature qu'elles ne peuuent exijler fans quelques autres, nous les diftinguons d'auec celles qui n'ont befoin que du concours ordinaire de Dieu, en nommant celles-cy des fubjlances, & celles-là des qualité^ ou des at- tributs de ces fubflances.

��52. Qu'il peut ejire attribué à lame & au corps en mefme fens, & comment on connaît la fubjlance.

Et la notion que nous auons ainlî de la fubftance créée, fe raporte en mefme façon à toutes, c'eft à dire à celles qui font immatérielles comme à celles qui font matérielles ou corporelles ; car il faut feu- lement, pour entendre que ce font des fubftances, que nous apper- ceuions | qu'elles peuuent exifter fans l'ayde d'aucune chofe créée. 36 Mais lors qu'il efl queflion de fçauoir fi quelqtivne de ces fubflances exifle véritablement, c'ejl à dire ft elle ejl à prefent dans le monde, ce n'eft pas aifez qu'elle exifte en cette façon pour faire que nous l'aperceuions ; car cela feul ne nous découure rien qui excite quelque connoiffance particulière en noflre penfée. Il faut, outre cela, qu'elle ait quelques attributs que nous puiftions remarquer; & il n'y en a aucun qui ne fuffife pour cet effet, à caufe que l'vne de nos notions communes eft que le néant ne peut auoir aucuns attributs, ny proprietez ou qualitez : c'eft pourquoy, lors qu'on en rencontre quelqu'vn, on a raifon de conclure qu'il eft l'attribut de quelque fubftance, & que cette fubftance exifte.

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