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46 Œuvres de Descartes.

��4q. Que les verile:; ne peiiueut ain/i ejlre dénombrées. & qu'il n'en ejl pas befoin.

lufques \cy j'ay dénombré tout ce que nous connoiflbns comme des choies...; // refte à parler de ce que nous connoijfons comme des verite\. Par exemple, lors que nous penfons qu'on ne fçauroit faire quelque chofe de rien, nous ne croj'ons point que cette propofition... foit vne chofe qui exifte ou la propriété de quelque chofe, mais nous la prenons pour vne certaine vérité éternelle qui a fon fiege en noftre penfée, & que l'on nomme vne notion commune ou vne maxime. Tout de mefme, quand on dit qu'il efl impoiTible qu'vne mefme chofe en mefme temps foit & ne foit pas, que ce qui a efté fait ne peut n'eftre pas fait, que celuy qui penfe ne peut manquer d'ejîre ou d'exifter pendant qu'il penfe, & quantité d'autres fem- blables, ce font feulement des vérité!^, & non pas des chofes qui foient hors de noftre penfée, & il y en a fi grand nombre de telles, qu'il 34 feroit | mal-aifé de les dénombrer. Mais aufli n'ejt-il pas neceffaire, pource que nous ne fçaurions manquer de les fçauoir, lors que l'occafion fe prefente de penfer à elles, & nue nous n'auons point de préjugez qui nous aueuglent.

5o. Que toutes ces verite\ peuuent ejîre clairement aperceuës. mais non pas de tous, d caufe des préjuge y

Pour ce qui efl: des vérité^ qu'on nomme des notions communes, il ell certain qu'elles peuuent eftre connues de plufteiirs /re.y-claire- ment & fres-diftin6lement, car autrement elles ne meriteroient pas d'auoir ce nom ; mais il efl vray auffi qu'il y en a qui le méritent au regard de quelques perfonnes, qui ne le méritent point au regard des autres, à caufe qu'elles ne leur font pas affez éuidentes : non pas que je croye que la faculté de connoiftre qui efl: en quelques hommes s'eftende plus loin que celle qui efl communément en tous ; mais c'eft pluftoft qu'il y en a lefquels ont imprimé de longue main des opi- nions en leur créance, qui, eftant contraires à quelques-vnes de ces veritez, empefchent qu'ils ne les puilTent apperceuoir, bien qu'elles foient fort manifeftes à ceux qui ne font point ainfl preocupez.

5/. Ce que c'eft que la fubftance, & que c'eft vn nom qu'on ne peut attribuer à Dieu & aux créatures en mefme fens.

Pour ce qui ell des chofes que nous confiderons comme ayant

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